Vimy: le principe de précipitation

14 avril 2001

Prétendre découvrir aujourd’hui les risques imminents du centre de transit de munitions de Vimy, il n’y a qu’un préfet pour oser le faire. En décembre 1996, le site voisin du Crotoy en Baie de Somme a été soufflé par une explosion. Le centre de Vimy a alors vu ses stocks gonfler, bien que dès 1996, des corrosions, suintements, dégradations aient été observés sur des obus de la première guerre mondiale, dans le voisinage de munitions conventionnelles et périmées. En juillet 1997, le préfet du moment dans le Pas-de-Calais écrivait aux maires concernés que les munitions chimiques du site de Vimy seraient transférées en dépôt sans délai.

Le projet Séquoia, nom de code pour une usine moderne d’élimination des vestiges de guerre, réduisant les dangers pour les opérateurs et supprimant les rejets atmosphériques, traîne dans les tiroirs depuis 5 ans. Des tonnes de papiers y sont consacrés mais même la première pierre n’est pas sur le point d’être posée.

Les vestiges de guerre sont des orphelins malgré la tutelle des ministères de l’Intérieur et de la Défense qui n’ont pas les moyens financiers de s’en occuper. Au lieu de mettre en oeuvre le principe de précaution et de gestion commun à tous les déchets qu’ils soient ménagers ou industriels, les autorités laissent pourrir les situations les plus dangereuses. Elles s’habituent aussi à imposer des exodes temporaires qui n’ont rien à voir avec les exigences d’information et de transparence telles qu’elles sont prévues dans les enquêtes publiques et dans les plans particuliers d’interventions (PPI).

Robin des Bois souligne la dangerosité extrême du transport par route de ces déchets sensibles aux percussions, aux vibrations, aux variations de température, contenant des composés toxiques au chlore, à l’arsenic, au cyanure, au phosphore, à l’étain. Ces déchets mortels constituent en tout premier lieu un risque pour le ou les chauffeurs, l’escorte et les riverains. Dans une étude relative au désobusage d’un site militaire renfermant des obus à l’ypérite, les experts recommandent que la manipulation des obus toxiques soit faite par des robots.

Quand elles arriveront dans un camp militaire, les munitions auront toujours le même potentiel toxique qu’à leur départ.

 

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