Trois chalutiers monstres hantent depuis quelques années la Manche, la mer d’Irlande et l’Atlantique du Nord-Est jusqu’en Arctique. Usant de leur puissance, de leurs pavillons européens, de leurs sonars hyper puissants, ils détectent et amassent dans leurs chaluts de 500 m de long des bancs de maquereaux, de harengs, de merlans et de chinchards. Les poissons sont pompés dans les chaluts, aspirés dans des tuyaux, triés dans des salles de congélation, entassés dans des cartons de 25 kg, débarqués aux Pays-Bas puis pour la plupart exportés en Afrique de l’Ouest dans des reefers (cargos réfrigérés). Ces monstres des mers sont accusés d’avoir contribué à l’épuisement des ressources marines dans l’Atlantique Sud et à la ruine des flottilles locales notamment en Mauritanie. Les équipages sont multinationaux, le commandement est européen.
Désormais, avec l’aval de l’Union Européenne, les 3 monstres des mers pillent les ressources de la Manche, de la mer du Nord, de la mer d’Irlande, des eaux subarctiques et arctiques. Ils mettent en danger l’avenir des flottes artisanales d’Europe du Nord.
Ces 3 navires de guerre halieutique sont exploités par Parlevliet & Van Der Plas B.V basé aux Pays-Bas et leader de la Pelagic Freeze-trawler Association (PFA) qui regroupe 2 autres armateurs hollandais.
Le rayonnement et l’influence de la PFA sont tels qu’elle a signé en 2016 un accord décennal de coopération « en vue de développer une pêche pélagique durable » avec Greenpeace Hollande et le VNO NCW qui se définit comme la plus grande organisation patronale des Pays-Bas et « la voix du business néerlandais ».
Les chaluts pélagiques sont déployés dans la colonne d’eau, à faible profondeur. Ils sont destinés à capturer des bancs homogènes. Ils sont susceptibles de capturer des espèces non ciblées comme les thons, des dauphins ou d’autres delphinidés. La PFA dit que des portes à l’arrière des chaluts et des manœuvres spécifiques permettent aux mammifères marins de se dégager mais ces allégations ne sont pas vérifiées par des observateurs embarqués.
IJmuiden, Pays-Bas, 5 octobre 2019. © Erwin Willemse
Annelies Ilena (ex-Atlantic Dawn). OMI 9204556. Pavillon Pologne. Longueur 145,60 m. Construit en 2000 à Kristiansund (Norvège) par Umoe Sterkoder. Arrêté en tant qu’Atlantic Dawn par la Marine mauritanienne en 2005 pour pêche illégale dans une zone d’exclusion, condamné à 100.000 US$ d’amende et expulsé. Arrêté le 23 novembre 2013 par la Marine irlandaise pour pratiques de pêche illégales; condamné à 105.000 € d’amende. Actuellement en action de pêche à l’ouest de l’Irlande.
IJmuiden, Pays-Bas, 26 mars 2014. © VesselTracker
Margiris (ex-Abel Tasman, ex-Margiris, ex-Annelies Ilena, ex-Atlantic Star, ex-Apollo Two). OMI 8301187. Pavillon Lituanie. Longueur 142,80 m. Construit en 1985 à Tacoma (États-Unis) par Tacoma Marine Industries comme navire incinérateur de déchets, converti en chalutier en 1992 puis jumboïsé en 2006. A l’été 2012 rebaptisé Abel Tasman, il part écrémer la Zone Economique Exclusive australienne avec l’accord du gouvernement australien. Suite à la mobilisation des pêcheurs et des ONG, le gouvernement vire de bord et légifère pour interdire dans ses eaux les chalutiers de plus de 130 m de longueur. Au printemps 2013 l’Abel Tasman repart en Europe et redevient le Margiris. Actuellement en cours de déchargement dans le port d’IJmuiden (Pays-Bas).
Au large de l’Irlande, mars 2008. © Arjo Foeken
Maartje Theadora. OMI 9182801. Pavillon Allemagne. Longueur 140,80 m. Construit en 2000 à Vigo (Espagne) par Vulcano SA Factorias. Dérouté à Cherbourg le 12 décembre 2012 et condamné à 580.000 € d’amende pour pêche illégale. Actuellement en action de pêche en Atlantique du Nord-Est au large de la Norvège dans l’océan Arctique.
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