« A la Trace » n°18
Bulletin trimestriel d’information et d’analyses sur le braconnage et la contrebande d’animaux
748 événements du 1er juillet au 30 septembre 2017
124 pages illustrées
pdf – 4,3 Mo
Rhinocéros, éléphants et hippopotames, pages 66 à 107
KO et Ciao les ormeaux (Haliotis spp.) – p.5
Le Ministère des pêches sud-africain a suspendu le 7 août l’attribution des permis de pêche. La capture des ormeaux est aux mains des gangs du Cap et de la mafia chinoise. Sur le marché local, le prix au kg atteint 400 US$. Il était de 40 US$ en 2008. La violence et la corruption sont quasiment les seules aujourd’hui à encadrer l’exploitation et la contrebande des gastéropodes marins. Même les élevages sont pillés.
L’Union Européenne et notamment la France, l’Espagne, l’Italie, le Portugal et le Royaume-Uni seraient bien inspirés d’examiner avec attention ce marché noir issu au départ de la pêche de loisirs et de subsistance et d’en tirer les leçons pour prévenir l’extinction des ormeaux et d’autres espèces inféodées aux rochers et à l’estran.
Le baromètre des pirates – p.4-14
Le kg d’hippocampes : 67 US$
Le kg du concombres de mer : 155 US$
Le pouce (2,54 cm) de défense de narval : 250 US$
Le kg de vessie natatoire de totoaba (Annexe I) : 14.000 US$
Le kg d’ailerons de requins-marteaux (Annexe II) : 103 US$
Le kg de civelles (Annexe II) : 2440 US$
Le casse et la casse des tortues – p.15
La météo est très mauvaise pour les tortues marines. Tout y passe, œufs, viande, écailles, carapaces. Aucun océan n’est épargné. Le marché noir de la tortue marine est violent. Un nouveau protecteur des tortues luth sur les plages a été assassiné en Amérique centrale. La plus grosse saisie a été faite à Paris Charles de Gaulle démontrant encore une fois que l’Europe contrairement aux idées reçues est un hub du trafic.
Pangolins – p.37
L’inscription en Annexe I des huit espèces de pangolin est en vigueur depuis le 2 janvier 2017.
En même temps, les saisies d’écailles pendant ce troisième trimestre 2017 atteignent 17.602 kg, un record depuis le lancement de « A la Trace », loin devant le précédent record du troisième trimestre 2016 avec 9888 kg d’écailles saisis.
La demande est très forte et remonte à très loin. En Chine, 716 établissements sont autorisés à prescrire de la parapharmacie à base d’écailles (cf. « A la Trace » n° 15 p.43). Les laboratoires se fournissaient jusqu’alors grâce à des permis CITES vrais ou falsifiés.
Lions: feu vert pour les braconniers – p.57
Le déclin des tigres en Asie a un effet domino sur les lions en Afrique. La récente décision prise par l’Afrique du Sud d’autoriser l’exportation annuelle de 800 squelettes de lion d’élevage a déchaîné les braconniers. Les empoisonnements et les mutilations de lions sauvages et d’élevage se multiplient en Afrique australe. Un squelette de lion se vend 3000 US$ sur le marché régional, dix fois plus en Chine où les os de lion se substituent aux os de tigre qui sous des recettes diverses sont réputés guérir les rhumatismes et les pannes sexuelles.
La pression sur les lions est aussi alimentée par la rumeur locale selon laquelle manger du cœur de lion « effraye les ennemis et protège contre les attaques ».
Rhinocéros – p.68
C’est pourtant vrai et c’est sans doute du faux
Il ressort des témoignages de vendeurs et d’antiquaires interrogés par Elephant Action League que sur le marché chinois les cornes sont fausses au moins à 80%, que les articles en vente sur WeChat sont en toc et qu’il est facile de trouver un expert complice pour vous dire que c’est de la corne authentique alors que du premier coup d’œil il sait que c’est du faux. Les faux bijoux ou les fausses antiquités en corne ou les fausses cornes se font avec de la résine, des sabots et du crin de cheval broyés. Les ateliers clandestins sont même arrivés à berner des grandes maisons de vente aux enchères. Quelques prix de ce marché de dupes :
1 bol : 42.000 US$
1 bracelet : 1500 US$
4 bracelets (950 g) : 140 US$/g
Comprimés de poudre : 260 à 440 US$/g
Perles : 117 US$/g
Petite sculpture : 103 US$/g
Pour mémoire, O’Brien senior du gang d’origine irlandaise les Rathkeale Rovers s’y connaît également en fausses cornes (cf. « A la Trace » n°16 p.70).
Eléphants – p.82
– Les saisies augmentent : 15 tonnes pour les mois de juillet, août et septembre 2017.
– Les prix au kg de l’ivoire saisi baissent selon les services fiscaux des pays d’intervention.
Il est trop tôt pour tirer des enseignements de ces cotations officielles qui concernent exclusivement les éléphants d’Afrique (Loxodonta africana). A Kampala (Ouganda), le kg d’ivoire brut est coté à 112 US$/kg en août alors qu’en juillet il était à 1470 US$/kg.
– Le braconnage est en augmentation en Afrique australe. En Afrique centrale, dans le bassin du Nil et dans l’Afrique sahélienne, l’ombre portée par les guerres civiles empêche le décompte des morts chez les éléphants et les autres espèces monnayables de la faune sauvage. Il est imprudent de prétendre que le braconnage est en baisse sur le continent africain.
– Les éléphants d’Asie (Elephas maximus) ne sont pas mieux lotis. Ils sont harcelés par l’extension de l’agriculture et des campements illégaux dans les parcs nationaux, entre les parcs nationaux et autour. Le marché noir d’étend à d’autres sous-produits que les défenses des éléphants mâles. Un confetti de peau d’éléphant se vend pour 3,65 US$, soit 5660 US$ par m2 au Myanmar.
Anes en Afrique – p.121
Après le bât, l’abattoir
Le trafic d’ânes domestiques issu de l’espèce sauvage continue par sa cruauté, sa violence et son amplitude à susciter des manifestations de compassion et d’hostilité dans l’opinion publique, chez les agriculteurs et dans le cercle des vétérinaires.
Plusieurs gouvernements s’inquiètent et suspendent d’une main l’exportation des peaux vers la Chine et de l’autre main valident des projets d’abattoirs « modèles » montés par des intérêts et des « spécialistes » chinois.
Télécharger « A la Trace » n°18.
Imprimer cet article