La destruction des cadavres d’animaux abattus en France et en Europe dans le cadre des mesures de lutte contre la psychose économique de la fièvre aphteuse fait appel à des techniques d’un autre âge.
Dans le plan d’intervention actualisé en 1991 par le ministère de l’Agriculture et le ministère de l’Environnement en prévision de l’abandon de la vaccination, l’enfouissement est considéré comme “la méthode de choix “. Chaque préfet était dès lors invité à réaliser un inventaire des sites d’enfouissement possibles, en tenant compte de la vulnérabilité des captages, puits et autres ressources en eau. Cette instruction n’a pas recueilli de la part des préfets plus d’intérêt que les plans Polmar.
Les critères à prendre en compte pour une excavation de 2 à 4 mètres de profondeur sont lapidaires: terrain horizontal ou en pente faible, sol “facile à creuser”, absence de nappe phréatique à moins d’un mètre du fond de la fosse. L’utilisation de la chaux se fait à l’économie: “la quantité de chaux à utiliser est égale au dixième du poids des cadavres “, ce qui ne garantit pas la destruction complète des cadavres enfouis, d’autant que la laine et la peau constituent un isolant. Une proportion de 30 à 40% de chaux vive est nécessaire pour entretenir en profondeur la réaction exothermique.
Le devenir du site est incertain: tout accès est interdit aux hommes pendant 6 mois, aux animaux pendant 9 mois, et toute construction nécessitant des fondations “ne sera guère possible… avant un délai de cinq ans pour les terrains sains, secs, poreux et perméables. Pour les terrains peu poreux et peu perméables, le délai est encore plus long.”
Si l’enfouissement est impossible, le préfet est responsable du choix de l’incinération. La méthode réglementaire date des années 60. Un cocktail de matériaux de combustion toxiques et polluants est préconisé sans états d’âme: pneus, sacs en plastique, traverses de chemin de fer imprégnées de créosote, huile de vidange. Un produit de combustion anglais, inconnu des pompiers français -l’Isokal-, est également indiqué dans la fiche technique. Par quoi est-il remplacé? Dans le cadre actuel des abattages massifs d’animaux indemnes de fièvre aphteuse, ces bûchers, loin d’être “une purification par le feu” comme le déclare le ministère de l’Environnement, sont au contraire sources de pollution atmosphérique, de pollution des sols et des nappes phréatiques par les résidus de matériaux de combustion.
De plus, ces circulaires ou instructions réalisées en 1960 et 1991 ne tenaient pas compte des capacités des sols à servir de réservoirs pour les agents infectieux de la tremblante du mouton, et éventuellement pour ceux de l’ESB.
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