La Flèche : les traverses prennent la tangente

12 avril 2024

Les articles parus dans la presse locale sur le stockage de traverses de chemin de fer sur un terrain communal à La Flèche (72) appellent de notre part les réactions et commentaires suivants.

Contrairement à ce que prétend SNCF Immobilier, les traverses en bois créosotées exposent les riverains proches à des émanations toxiques produisant des pathologies diverses comme des migraines, des irritations des muqueuses et des voies respiratoires et des insomnies. SNCF Réseau est informé et conscient de ces risques. Il est étonnant que SNCF Immobilier ne le soit pas.

Le fait que ces traverses soient anciennes ne les exempte pas de dangerosité. Le créosotage des traverses se fait par injection sous pression et la créosote reste pendant des décennies au cœur du bois. Les odeurs de goudron ressenties au moins par un couple de riverains en sont le témoignage. Les créosotes les plus anciennes sont les plus toxiques.

Les déversements de traverses issues du démantèlement partiel de la voie ferrée entre les communes de La Suze-sur-Sarthe et de La Flèche, ont commencé le 28 mars et c’est seulement le 5 avril que des barrières Heras et un panneau signalant le danger ont été posés pour empêcher symboliquement l’accès des curieux et des voleurs au site de dépôt. Les traverses de chemin de fer retirées des voies sont en effet, au sens des réglementations européenne et française, des déchets dangereux.

Elles sont souvent récupérées par des gens du voyage, des paysagistes ou par des habitants de proximité pour des reventes informelles ou des utilisations en tant que bois de chauffage et de clôtures.

SNCF Immobilier prétend que les traverses seront envoyées vers une usine spécialisée et habilitée pour leur retraitement. En fait, il s’agit d’un broyage et d’une combustion des broyats dans des incinérateurs dédiés ou des cimenteries.

Le coût de cette valorisation énergétique n’a pas été inclus dans le marché initial conclu entre le Conseil Départemental de la Sarthe et SNCF Immobilier.

Les traverses qui ne sont pas vouées à une élimination par combustion peuvent être éventuellement réutilisées exclusivement sur le réseau SNCF sur des voies à faible circulation. Étant donné l’ancienneté et l’état de ces traverses, un tel réemploi est exclu. La commune de La Flèche, qui se retrouve piégée par le dépôt illégal en cours et à venir d’environ 15.000 traverses de chemin de fer propose de les entreposer dans la déchetterie de Thorée-les-Pins qui est fermée en vue de son intégration à la création d’un parc photovoltaïque.

Cette option ressemble à du bricolage. Le stock sera accessible aux récupérateurs et soumis au risque d’incendie. A l’emplacement même de la déchetterie il y avait une décharge de déchets divers exploitée par la commune de La Flèche depuis au moins 1974. Cette emprise est polluée en surface, dans les sols, et dans les sous-sols, c’est justement pour cette raison que l’entreprise LUXEL, basée à Montpellier, veut y implanter un parc photovoltaïque sans procéder à une dépollution préalable du site avec l’accord de la commune de La Flèche. Sur l’ensemble du territoire français, “l’effacement” des décharges brutes et des pollutions induites par des parcs photovoltaïques constitue d’ailleurs une pratique en développement malheureusement encouragée par les pouvoirs publics.

L’adjoint au Maire de la ville de La Flèche, Nicolas Chauvin, dit que les eaux de lessivages des traverses par la pluie dans l’ancienne déchetterie de Thorée-les-Pins seront évacuées dans un système de récupération. D’après les photos aériennes, ce système est assez rustique et aboutit dans des bassins du lieu-dit “Le Bois Douvreau”.

Robin des Bois souhaite que dans les meilleurs délais, une solution technique et financière soit appliquée pour débarrasser l’environnement et les populations de ce poids mort et toxique.

Il est scandaleux que le Département de la Sarthe, SNCF Immobilier et NEXITY, maîtres d’ouvrages, aient conçu et négocié la transformation d’une voie ferrée longue de 29 km en voie verte sans avoir pensé à l’élimination des traverses usagées et à son financement alors que les dangers divers de la créosote ont été mis en avant par Robin des Bois dès 1995 puis par le ministère de l’Écologie et l’ANSES.

 

 

 

 

 

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