Après l’épisode grotesque et consensuel du dragage des ports du Croisic et de la Turballe, et l’immersion des déchets à quelques centaines de mètres du littoral, survient l’enlèvement de 26.000 tonnes de rochers estampillés “Erika” vers la carrière de la Clarté, dans le parc régional de la Brière.
Encore une fois sans enquête publique, et sous le couvert d’une urgence préfabriquée par un montage d’appels d’offres infructueux, des grandes manoeuvres et des grossiers coups de balais dont se félicitent élus, hôteliers et en l’occurrence les paludiers, masquent des risques sanitaires et environnementaux.
Le nettoyage partiel des roches souillées de la flèche littorale de Pen-Bron à la Turballe est effectué par des travailleurs en cours d’insertion qui s’occupaient préalablement du ramassage de déchets verts.
Au pied des enrochements, le lit de caillasses imprégnées d’hydrocarbures est théoriquement envoyé à Donges. Son enlèvement libère à chaque marée haute des norias de boulettes d’hydrocarbures, revenant par le jeu des courants dans le traict du Croisic. Le pire est à venir avec la prochaine grande marée.
26.000 tonnes de rochers “faiblement souillés” -sans autre précision ou valeur-guide- sont en cours de stockage dans la carrière de la Clarté, exploitée par l’entreprise Charier dans la lande de Foso, à Herbignac. Un ensemble de fosses, creusées à la hâte et en cours d’aménagement, est sensé retenir et décanter le flux d’hydrocarbures provenant du lessivage des roches par les eaux de pluie qui seront rejetées après traitement dans “le milieu naturel”. Les rochers seraient concassés d’ici quelques mois et serviraient de fondement à des aires de stockage sur les terrains appartenant à l’exploitant. Ces deux plate-formes auront une superficie totale de 2,5 ha.
Après la réalisation de ces plate-formes, un contrôle semestriel de la teneur en hydrocarbures des eaux souterraines sera effectué. Rappelons que le fioul de l’Erika est composé à plus de 50% d’hydrocarbures persistants et cancérigènes.
Le Collectif citoyen anti marées noires de Saint-Nazaire et du littoral et Robin des Bois dénoncent l’exportation de la marée noire dans le parc régional de la Brière, et s’étonnent que ces déchets n’aient pas été, comme les autres, acheminés vers le centre de regroupement et de traitement de Total à Donges. Ils réclament l’extension de la Commission Locale d’Information et de Surveillance sur le traitement des déchets de l’Erika à cette annexe que constitue désormais la carrière de la Clarté.
Les capacités de l’exploitant à gérer avec rigueur ces matériaux souillés sont sérieusement contestées, à commencer par des riverains. Des enfouissements clandestins d’autres déchets que ceux de la marée noire de l’Erika auraient déjà eu lieu dans le périmètre de l’entreprise, et au dehors.
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