Le sort des éléphants d’Afrique se jouera du 3 au 15 novembre 2002 à Santiago du Chili, sur le tapis vert de la CITES (Convention sur le Commerce International des Espèces de Faune et de Flore Sauvages Menacées d’Extinction). A l’occasion de la 12ème session plénière, 5 pays d’Afrique australe réclament l’autorisation de reprendre et diversifier le commerce international de l’ivoire.
Le 18 octobre se tiendra à Bruxelles la réunion finale des pays-membres de l’Union Européenne à l’issue de laquelle sera définie une position commune sur l’éléphant. La France hésite encore à se rallier à la proposition de l’Inde et du Kenya visant à accorder aux éléphants le statut de protection maximale, à savoir l’inscription ou le maintien à l’annexe I de toutes les populations. Cette proposition émanant de deux pays de l’aire de répartition des éléphants est déjà soutenue en Europe par l’Allemagne, et en Afrique par une vingtaine de pays majoritairement francophones.
En 1989, à la demande de la majorité des pays d’Afrique soutenus par la France, l’éléphant africain était protégé de tout commerce international.
En 1997, les pays d’Afrique australe emmenés par le Zimbabwe ont convaincu les pays-membres de la CITES du besoin urgent de reprendre le commerce international de l’ivoire. Ainsi le Zimbabwe, la Namibie et le Botswana ont été autorisés à exporter vers le Japon un total de 59 tonnes d’ivoire. Sur le terrain, la décision a été perçue comme une réouverture totale de la chasse ; le braconnage a repris, y compris dans des pays où l’éléphant a toujours un statut de protection maximale comme le Kenya, la Tanzanie, la République Centrafricaine, le Congo Brazzaville, l’Angola et le Tchad.
En 2000, la CITES accordait à l’Afrique du Sud le déclassement de ses populations d’éléphants, phase préparatoire à la reprise des activités commerciales, mais n’accordait aucun quota d’exportation d’ivoire. Pourtant, entre janvier 2000 et juin 2002, 1059 cas d’éléphants braconnés ont été constatés; 2.563 défenses, 14.648 objets en ivoire et 6.213 kg d’ivoire ont été saisis à travers le monde pour cette même période. En juillet 2002, une saisie de 6.000 kg d’ivoire zambien en provenance d’Afrique du Sud et destiné au marché japonais a été effectuée à Singapour, confirmant que la route historique du trafic est réactivée.
En novembre 2002, le Zimbabwe, la Namibie, le Botswana, la Zambie et l’Afrique du Sud entendent élargir le marché au-delà du Japon. L’Afrique du Sud réclame un quota initial de 30.000 kg de défenses d’ivoire “ de toutes tailles ”. Les derniers inventaires fiables datant de 1995 font état d’un troupeau global sur le continent africain compris entre 250.000 et 615.000 individus. Les données collectées en 1998 démontrent que le déclin est constant. Les principales populations d’éléphants sont concentrées en Afrique australe et en Afrique centrale.
Depuis 5 ans, il est impossible de protéger les éléphants dans des régions soumises à la guerre, comme le soulignent l’Inde et le Kenya. Des régions qui ne peuvent pas compter leurs morts ne comptent pas les éléphants et l’absence de contrôles douaniers favorise le braconnage et la contrebande. Robin des Bois, observateur à la CITES depuis 1988, la SNPN et Pierre Pfeffer, le ROC et la Fondation Brigitte Bardot souhaitent que la France au sein de l’Union Européenne s’engage, elle aussi, pour la protection sans faille des éléphants d’Afrique … et des éléphants d’Asie puisque comme le mettent en avant les spécialistes indiens, toute reprise du braconnage et de la contrebande en Afrique rebondit en Asie.
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