Objet : RIF ou la complaisance à la française
La proposition de loi relative à la création du Registre International Français met du cœur à l’ouvrage des constructeurs de bateaux de plus de 24 m de long. Comme les navires de commerce et paquebots internationaux, les propriétaires de ces navires pourraient si le RIF était adopté embarquer et débarquer sans trop de contraintes administratives des cuisiniers philippins ou des mécaniciens abkhazes “mis à disposition” par des entreprises de “travail maritime”.
Dans le secteur de la marine marchande le RIF compléterait l’offre du pavillon des Iles Kerguelen qui oblige à avoir à bord un tiers des navigants de nationalité française. Cette contrainte tomberait à l’eau : Le RIF tout en autorisant l’appareillage et le port d’attache français n’imposeraient plus que 2 navigants français : le commandant et “l’officier en charge de sa suppléance”.
Le RIF a pour modèle les registres en vigueur dans l’Union Européenne ou dans son périmètre comme le Norway International Ship Register (NIS). Il est vrai que le projet de RIF a été élaboré par Mr Henri de Richemont sénateur et avocat de l’armateur norvégien du Bow-Eagle. Ce chimiquier, après avoir percuté en août 2002 le chalutier Cistude des Sables-d’Olonne ne s’est pas arrêté, précipitant dans la mort 4 marins-pêcheurs. En Mars 2003 seul le marin philippin de veille sur le Bow-Eagle au moment de la collision a été condamné à Bergen à 5 ans de prison pour non-assistance à personne(s) en danger. Le modèle norvégien a donc une autre conséquence : à la fracture sociale, il ajoute la fracture pénale qui assure aux armateurs et aux commandements des navires l’exemption de responsabilités.
Robin des Bois soutient les actions d’opposition au RIF par les syndicats français de marins prévues le jeudi 11 décembre et espère que le monde de la plaisance se joindra aux mouvements.
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