Les premières opérations de déchiquetage après dépollution de la coque Q 790 ont commencé dans les chantiers Able au nord-est de l’Angleterre. Le découpage du nez du porte-avions réalisé entre le 16 et le 22 novembre aboutit à une certitude : la coque Q 790 ne pourra plus être remorquée.
La première visite de Robin des Bois, conforme à une demande formulée à la CLI de Brest le 3 décembre 2008, s’est déroulée le 25 novembre 2009. Les autres associations membres de la CLI ont décliné l’invitation. La représentante de Robin des Bois a constaté les éléments suivants :
– La darse est à ce jour isolée de l’estuaire de la Tee par un système de barrage amovible dit « cofferdam » de 170 m de long et 14 de largeur. Pour acquérir plus de flexibilité, Able UK souhaite à moyen terme remplacer le cofferdam par des portes d’écluses.
– La cale sèche est effectivement sèche. Les navires à démolir sont à sec. Le matériel roulant circule sur le fond et particulièrement la grue à pince qui sert au découpage. Les sédiments en fond de darse feront à l’issue du démantèlement l’objet d’analyses et si nécessaire d’un traitement adapté dont les modalités ne sont pas encore connues.
– La câblerie éventuellement contaminée aux PCB est regroupée provisoirement dans des halles à l’intérieur de la coque Q 790 avant évacuation dans les filières appropriées sous le contrôle de l’Environmental Agency britannique. Les autres matériaux dangereux et les métaux dits précieux sont stockés dans des hangars couverts et fermés.
– Le désamiantage résiduel se pratique dans des cellules confinées. La conformité des travaux et des procédures peut être surveillée de l’extérieur par l’intermédiaire de caméras.
– Les travaux de démantèlement sont suivis par la Marine Nationale et le Bureau Veritas, des registres sont tenus pour comptabiliser les déchets dangereux et assurer la traçabilité des filières utilisées. Le bilan intermédiaire n’a pas été communiqué.
En conclusion et sous réserve que des visites ultérieures ou des réunions de la Commission Locale d’Information à Brest permettent de connaître le bilan déchets, le démantèlement de l’ex-Clemenceau est une opération positive et pionnière en Europe dans le domaine technique et de l’information. C’est aussi une opération exemplaire pour le transfert transfrontalier de déchets qui se déroule dans le cadre de la Convention de Bâle.
Il est regrettable que les pays asiatiques et l’Etat français ne s’en inspirent pas pour améliorer les conditions sanitaires, environnementales et techniques de la fin de vie des navires. Able UK ouvre le chemin en Europe, la France le ferme : elle a d’abord vendu la pièce maîtresse qu’était le dock flottant en station au Havre, et elle vient de retirer à Veolia la possibilité d’utiliser la cale sèche de Bassens pour la démolition des vieilles coques au profit de la construction et de l’assemblage des structures du nouveau pont Bacalan-Bastide à Bordeaux.
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