Le naufrage des plans Polmar

5 janv. 2000

Polmar mer:
Suite à la marée noire émise par le pétrolier Katja dans le port du Havre et à l’accident du MSC Rosa entre Le Havre et Cherbourg début décembre 1997, une circulaire signée par le 1er Ministre a abrogé l’instruction du 12 octobre 1978 et réorienté la conception des plans Polmar.
Le nouveau plan Polmar Mer renforce les capacités du préfet maritime à intervenir dès qu’une avarie est signalée sur un bateau transportant des matières dangereuses . ” La rapidité de la réaction des responsables est une condition essentielle de l’efficacité de la prévention, et de la lutte “.
Le préfet maritime doit notamment mettre en place des équipes d’évaluation, d’intervention et d’assistance aux navires en difficulté.
On sait que l’Erika a été abandonné à son triste sort pendant au moins 12 h.


Polmar terre:

L’instruction en date du 17 décembre 1997 dispose que chaque département littoral prépare, à titre préventif, l’inventaire des zones à protéger, l’inventaire des sites de stockage et des centres de traitement des déchets. Au niveau local les DDE (Direction Départementale de l’Equipement) et les DIREN (Direction Régionale de l’Environnement) doivent tenir à jour un inventaire des lieux utilisables pour le stockage des déchets. ” Certains sites devraient être acquis et aménagés à titre préventif”.

” L’opinion publique doit être clairement, rapidement et régulièrement informée de la situation “.
” Le Ministre chargé de l’environnement juge de l’opportunité de faire intervenir le fonds d’intervention dont il est gestionnaire “.

Le rôle du Cedre dans ce nouveau dispositif est renforcé. Le 18 décembre 1997, Madame Voynet, ministre de l’environnement, a proposé et obtenu la nomination de M. Pierre Maille, Maire de Brest, à la présidence du Conseil d’Administration du Cedre.
En fait d’inventaires des sites de stockage de déchets, on assiste à une pagailleuse improvisation. Directement concernés, les services du Ministère de l’Environnement sont en train de préparer des dizaines de sites pollués que l’on retrouvera peut-être dans les inventaires nationaux de 2020, de la même façon qu’on y retrouve aujourd’hui les cuves fuyardes des résidus de la marée noire de l’Amoco Cadiz ou la station de déballastage de Brest.

Creuser des fosses dans l’enceinte de l’usine Octel d’Elf Aquitaine à Paimboeuf, sur des substrats sableux riverains de la Loire, pour y jeter des résidus d’hydrocarbures, démontre le manque de prise en compte de l’instruction de décembre 1997, une circulaire restée lettre inanimée. Octel, une ex-usine d’additifs au plomb pour les essences est un des plus sérieux point noirs à décontaminer. Pour le moment on le pollue d’avantage.

Quand à l’information ” claire “, ” régulière ” et ” rapide “, elle oublie tout, y compris de dire que ce fuel comme tous les hydrocarbures lourds est toxique pour le plancton, les organismes benthiques et les poissons de fond, notamment à cause des hydrocarbures polycycliques aromatiques (HPA), des molécules persistantes et cancérigènes.

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