Le décret d’autorisation du réacteur nucléaire EPR à Flamanville est à proprement parler délirant. Il est pris sans tenir compte de l’enquête publique relative à la demande d’autorisation de rejets d’effluents liquides du nouveau réacteur. Cette enquête publique s’est terminée le 17 mars 2007. Le commissaire-enquêteur n’a pas encore rendu son rapport et l’EPR est déjà autorisé ! Le gouvernement actuel dit que toute l’information a été présentée et discutée dans le cadre du débat public préalable. C’est faux ! Le débat public d’une grande médiocrité a attiré de mars 2005 à avril 2006 dans le département de la Manche moins de monde que le débat sur l’extension du port de plaisance de Granville.
Rappelons que la 1ère partie de l’enquête publique sur l’EPR du 15 juin au 31 juillet 2006 ne répondait pas à plusieurs questions fondamentales pour la sécurité : absence totale de prise en compte des effets du réchauffement climatique et du rejet des eaux chaudes dans un milieu marin en possible élévation de température, l’espérance de fonctionnement de l’EPR étant de 60 ans ; absence d’informations sur la participation à l’actionnariat d’EPR de compagnies privées ou étrangères de courtage ou de production d’électricité ; absence d’explications sur la gestion des déchets radioactifs générés par un débit réservé à des pays étrangers comme l’Italie ; rien sur les possibles mesures d’évacuation et d’abandon des terres et des maisons autour du parc nucléaire de Flamanville après un accident majeur ; rien non plus sur les difficultés de construction de la tête de série en Finlande, sur la capacité du dôme et de l’ensemble des automatismes à résister au crash d’un airbus A 380 ou d’un avion équivalent et aux vibrations, cette hypothèse de travail ayant été retenue en Finlande.
La décision d’autoriser la création d’EPR quelques jours avant les élections présidentielles exprime la crainte et l’improvisation des promoteurs. Le nucléaire ne changera donc jamais malgré la volonté affichée de transparence. Pour assurer sa reproduction, il compte plus sur les tractations, les collusions entre les ministères, les partis politiques, les industriels et les services de l’Etat et les soumissions que sur une information maîtrisée, planifiée, loyale et éventuellement convaincante.
Cette manipulation de laboratoire électoral ressemble à s’y méprendre aux manœuvres politiques lors de l’extension de capacité de l’usine de retraitement de La Hague.
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