Très connu pour être à côté de la Baule, Pornichet va le devenir aussi pour son savoir faire dans le découpage en tranches et le camouflage des pollutions marines.
Pornichet a 2 ports de plaisance, le port d’échouage et à côté le port en eau profonde. Le duo va rejeter par un tuyau de 1,7 km de long 150.000 m3 de boues de dragage dans l’eau claire de la baie, à 750 m du rivage.
Les vases des 2 ports de plaisance sont contaminées par les eaux noires, les hydrocarbures et les peintures antifouling.
Par la magie du verbiage et du tamisage réglementaire, ces boues sont qualifiées de « sédiments propres ».
Le hors d’œuvre – 35.000 m3 – va être servi par le port d’échouage. Le volume total est d’environ 80.000 m3. La première tranche de 35.000 m3 permet de passer sous le seuil de 50.000 m3 au delà duquel une enquête publique est obligatoire. Cette astuce évite de braquer les projecteurs sur un port écologiquement suspect qui a été frappé de plein fouet par les marées noires de l’Erika et par la réplique du Prestige sans la protection de barrages anti-pollution. L’opération est programmée entre le 15 octobre et le 20 décembre 2014.
En 2009, Robin des Bois a diffusé des informations sur les stigmates d’hydrocarbures dans le port d’échouage de Pornichet. La présence de résidus de fuel lourd de l’Erika a été attestée par Total. Le port d’échouage de Pornichet n’a jamais été dragué depuis sa création au milieu des années 90.
Le plat principal – 121.000 m3 – va être servi par le port en eau profonde. Comme il se doit, une enquête publique est en cours. Les vases seront rejetées au même endroit et par le même tuyau que celles du port d’échouage. L’opération est programmée entre le 15 janvier 2015 et le 15 avril 2016.
La remobilisation du fuel lourd de l’Erika et des autres hydrocarbures, des micropolluants chimiques stockés dans les vases va induire une nouvelle perturbation du milieu marin et côtier. Les rejets de déblais de dragage contiennent des nutriments comme les nitrates et peuvent favoriser la prolifération des algues vertes s’ils sont réalisés en eau peu profonde et dans un milieu à faible hydrodynamisme. Les hydrocarbures en faibles quantités peuvent agir comme « des hormones de croissance » des algues et des planctons toxiques.
Les risques de ces 2 opérations consécutives de dragage sont donc multiples pour un site aussi sensible que la baie de la Baule.
Le guide pour la rédaction des études d’impact d’opérations de dragage et d’immersion en milieu estuarien et marin (2) réalisé par le Groupe d’Etudes et d’Observation sur les Dragages et l’Environnement (GEODE) sous la tutelle du Ministère de l’Ecologie et avec la participation de Robin des Bois dit que « lorsqu’un programme d’aménagement réunit plusieurs opérations de dragage et d’immersion sur une même zone et sur une même période sous la responsabilité de 2 opérateurs différents, une évaluation globale peut être demandée par l’autorité administrative. » A Pornichet, on est exactement dans ce cas de figure. Le port de plaisance en eau profonde est géré par la Société Anonyme du port de Pornichet et le port d’échouage est géré par la CCI de Nantes-Saint Nazaire. Malheureusement la Direction Départementale des Territoires et de la Mer basée à Nantes n’a pas imposé la préconisation du guide.
Rien n’empêchera dans les prochaines années si le port d’échouage de Pornichet bénéficie de la même complaisance des Services de l’Etat de procéder à l’extraction des 45.000 m3 de vases résiduelles par le même procédé rustique et sans enquête publique. Pas d’enquête publique, pas d’étude d’impact. Le dessert est à venir.
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