Le Tour du monde de la démolition des navires en 18 pages

29 sept. 2008

Alors que, à quelques exceptions près, les abattages de bateaux de pêche persistent sur les quais de France en même temps que les déclarations de bonne foi des propriétaires et des pelleteuses, les cargos et autres navires de grande taille en fin de vie continuent, à quelques exceptions près, à affluer vers les cimetières asiatiques dans une complaisance générale qui bat pavillon des îles Consensus-et-Statu-Quo.

Robin des Bois publie son 13ème bulletin d’information sur la démolition des navires. Parmi les points forts de ce bulletin, on peut noter :
– la sortie de flotte du paquebot Mermoz.
– la disqualification du port du Havre qui a laissé partir aux Bahamas le plus gros dock flottant d’Europe, la privant ainsi d’un outil très utile pour la maintenance ou la déconstruction des navires. En même temps le port du Havre laisse pourrir depuis plus d’un an au fond de l’eau un bateau-phare scandinave qu’il est urgent de renflouer et de recycler (photos).

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Le bateau-phare en février 2003 et en février 2008. © Robin des Bois

 

– la vente en Inde de deux porte-conteneurs gérés par le consortium allemand KGAL (Dresdner Bank et Allianz) sans précaution particulière alors que le groupe financier nous avait assuré que « la démolition des navires se ferait dans le respect de l’environnement et de la sécurité des travailleurs, et qu’en l’absence de réglementation locale, les procédures industrielles appropriées seraient appliquées ».
– le pourcentage de 41 % des navires partis à la démolition asiatique appartenant à des armateurs de l’Union Européenne ou de l’Association Européenne de Libre Echange (AELE).
– la déconstruction aux Etats-Unis du dernier des treize « ghost ships » de l’US Navy dont la fin de vie avait été prévue à Hartlepool en Grande-Bretagne ; les quatre premiers de la série y sont en attente depuis 5 ans.
– la stagnation du dossier Clemenceau qui devait rejoindre au plus tard à la fin de l’été le même chantier d’Hartlepool. Able UK, qui ressemble de plus en plus lui aussi à un chantier fantôme, s’enlise dans un contentieux juridique avec l’association locale des Amis d’Hartlepool. Ils s’indignent que « leur petite ville puisse recevoir un navire toxique et sa cargaison mortelle » et devenir une « décharge pour les pollueurs du monde entier ». Par contre ils ne s’indignent guère du fait que cinq navires dont les armateurs sont britanniques soient partis à la casse en Inde entre le 7 juin et le 21 septembre 2008 sans aucune dépollution. La Haute Cour devrait dire lundi 29 septembre si le recours des « Amis de Hartlepool » est recevable.

Un navire battant pavillon du Royaume-Uni a aussi été démoli en Inde. Il s’agit du Upstream, ex-CMA CGM Tage, ex-Fort Desaix appartenant jusqu’en mai 2008 à CMA-CGM. Le faire-part de naissance du Fort Desaix dans le « Courrier de la Compagnie Générale Maritime » de l’automne 1980 permet une bonne traçabilité des déchets toxiques embarqués ; les ouvriers indiens devront en faire leur affaire : les détecteurs d’incendie radioactifs ont été fournis par Cerberus – Guimard, les transformateurs au PCB par Alsthom Atlantique et la société nantaise Electronavale, et les isolations à l’amiante par Evers à Epouville près du Havre, site pollué aujourd’hui répertorié par l’inventaire BASOL du ministère de l’Ecologie.

 

Accès au bulletin “A la casse.com” n° 13 (pdf, 18 pages, 880ko).

 

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