La 53ème session plénière de la Commission Baleinière Internationale -CBI- se tient à Londres du 23 au 27 juillet 2001. Sur l’océan, plus de mille baleines sont officiellement chassées chaque année par la Norvège et le Japon, et sur le tapis vert, elles perdent aussi du terrain. Comme d’autres pays protecteurs, la France mollit et attend de voir où le vent va la pousser. Le responsable de la délégation française, membre du Ministère des Affaires Etrangères, est retenu à Bonn par le marathon de Kyoto; il arrivera à Londres en cours de session. L’Islande qui souhaite réadhérer à la CBI en introduisant immédiatement une objection à l’interdiction de la chasse commerciale, et la Guinée, alliée du Japon, sont elles bien là, comme à Bonn. Le golfe de Guinée abrite des cachalots, des baleines à bosse et des rorquals de Bryde. Jusque dans les années 60, des stations baleinières étaient en activité au Gabon et à Sao Tomé. La conjoncture est donc grave pour l’ensemble des baleines mondiales, d’autant que la prochaine réunion de la CBI se tiendra au Japon. Robin des Bois est observateur à la CBI depuis 1988 et a fait en ouverture de cette 53ème session la déclaration suivante.
“ Robin des Bois remercie le gouvernement anglais pour l’accueil réservé à la 53 ème Commission Baleinière Internationale, et espère que cette session plénière décidera d’établir le sanctuaire dans le Pacifique Sud proposé par l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Aujourd’hui, il est avéré que les pressions sur les populations de baleines se sont élargies de la chasse aux pollutions, à la dégradation de l’habitat et à la surexploitation de certaines de leurs ressources alimentaires, comme les poissons transformés en farine.
Mais à présent, un nouveau danger mécanique guette les baleines. L’augmentation du trafic maritime commercial et de croisière, la généralisation des navires à bulbe et l’émergence des NGV -Navires à Grande Vitesse-, en particulier en Méditerranée, dans les détroits et pour la desserte des îles, provoquent des éperonnages ou collisions mortels. Les espèces les plus fréquemment touchées par ces collisions sont aussi celles qui ont été le plus chassées comme le rorqual commun, la baleine franche, la baleine à bosse, le cachalot et la baleine grise. Entre 1991 et 1997, la moitié de la mortalité des baleines franches noires de l’Atlantique Nord-Ouest est attribuée à des collisions avec les navires. Cette population ne compte qu’environ 300 individus. Ce sujet est abordé cette année par le Comité Scientifique de la CBI, qui prouve ainsi une nouvelle fois son utilité, mais Robin des Bois invite les Etats-membres, et en particulier la France et l’Italie, à collecter et à transmettre régulièrement les informations relatives à ce type d’accidents au Comité Scientifique de la CBI. A moyen terme, les compagnies maritimes et les pays concernés devraient prendre des mesures de réduction de la vitesse des navires ou d’autres mesures pratiques en concertation avec l’OMI -Organisation Maritime Internationale-.
Pour faciliter la traçabilité des activités baleinières, si la Commission décidait un jour de la reprise de la chasse, Robin des Bois recommande une interdiction dans ce domaine –comme d’ailleurs dans le domaine des pêches– des pavillons de complaisance. À cet égard, nous remarquons que les fiches d’identification des navires-baleiniers requièrent comme informations le nom du navire-chasseur, sa date de construction, sa longueur, le type de coque, le tonnage, le type de moteur, mais oublient de mentionner le pavillon du navire et la nationalité de l’équipage. Nous rappelons que dans les années 70/80, l’un des baleiniers-pirates battait pavillon cypriote.
Enfin, en introduction du Schéma Révisé de Gestion -RMS-, il est précisé que les baleines capturées doivent être exclusivement rapportées sur un navire-usine, une station baleinière terrestre ou “ un autre endroit où une baleine peut être traitée” . Cette dernière mention ouvre la voie à des installations susceptibles de faciliter des pratiques clandestines dans des zones de pêche internationale riches en grands cétacés et peu contrôlées par les autorités nationales compétentes, comme l’Atlantique Sud. ”
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