Les centrales nucléaires et les agressions externes

12 mars 2011

Séisme et tsunami au Japon
Communiqué n°1

 

Robin des Bois exprime sa solidarité envers le peuple japonais.

 

Les réacteurs nucléaires et autres installations atomiques ne sont pas suffisamment protégés contre les agressions externes climatiques et géologiques comme les tremblements de terre, les inondations, les cyclones et tempêtes, les chutes de neige et les incendies (1).

Pour ce qui concerne les séismes, la compréhension et la modélisation des mouvements et déformations de terrain ont beaucoup progressé depuis 20 ans. Les réacteurs nucléaires dans le périmètre d’influence du séisme qui vient de s’abattre sur le Japon ont été pour la plupart construits entre 1967 et 1981. Le réacteur n°1 de Fukushima Daiichi qui à ce jour pose le plus de problèmes date de 1967. Par conséquent, il n’a pas pu bénéficier des dispositions constructives parasismiques imposées par les retours d’expérience. Au Japon, la destruction des immeubles d’habitations qui ne bénéficient pas de ces dispositifs est planifiée. Par contre, les réacteurs nucléaires anciens ont par exemption une durée de vie prolongée conformément à la doctrine franco-japonaise sur la poursuite d’exploitation des réacteurs nucléaires. Début novembre 2010, les autorités nucléaires françaises et japonaises se sont rencontrées à Tokyo pour coordonner les conditions de mise en œuvre de la prolongation de la durée d’exploitation des réacteurs.

En France, le Conseil Supérieur de la Prévention des Risques Technologiques, dans sa séance du 14 décembre 2010, a eu à examiner un projet d’arrêté fixant les règles parasismiques applicables aux Installations Classées pour la Protection de l’Environnement assujetties à la directive Seveso (2). L’objectif de ce décret est d’éviter dans le contexte des tremblements de terre que les populations n’aient à subir en plus de la destruction des habitations et des réseaux de communication des dommages sanitaires collatéraux dus à des installations industrielles mettant en œuvre des substances dangereuses pour la santé. Au cours des débats, il a été souligné que la Règle Fondamentale de Sûreté sur la détermination du risque sismique pour les réacteurs nucléaires n’avait pas les mêmes niveaux d’exigence et devait être améliorée. Cette Règle date de 2001 alors que, compte-tenu des nouvelles connaissances, la carte des aléas sismiques publiée en 2005 étend d’une manière significative le zonage des régions les plus exposées à des risques sismiques en France métropolitaine. De plus, la période de retour des séismes est désormais fixée en Europe à 5000 ans alors que la carte des aléas sismiques de 2005 prend en compte une période de retour de 475 ans.

Pour ce qui concerne les inondations, la décision récente de la poursuite d’exploitation du réacteur numéro 1 du Tricastin construit en 1974 s’accompagne d’une obligation de le protéger des crues millénales du Rhône. Le cas des ondes de submersions consécutives à la rupture de barrages à l’amont n’a pas été pris en compte (3).

Robin des Bois souhaite que les réacteurs nucléaires et autres Installations Nucléaires de Base dont le site d’implantation et la construction ne répondent pas aux exigences récentes de lutte contre les effets des catastrophes soient arrêtés et démantelés dans les meilleurs délais au Japon et en France.

Le Japon et la France coopèrent depuis 30 ans dans le domaine de la fabrication des combustibles nucléaires et du retraitement des combustibles irradiés. Le site japonais de retraitement des combustibles irradiés de Rokkasho-Mura construit avec l’aide d’Areva est implanté dans la zone d’activités sismiques en cours. Cependant, quand un accident survient dans un réacteur japonais, les autorités françaises ne savent plus grand-chose de la filière nucléaire japonaise et renvoient tout à coup le Japon à sa solitude et à ses incertitudes.

Si la présidente d’Areva maintient sa visite de travail et de courtoisie prévue lundi à l’usine de la Hague, Robin des Bois souhaite également qu’elle annonce la suspension du prochain transport maritime de combustibles nucléaires MOX (uranium et plutonium) de Cherbourg vers le Japon.

 

(1) Cf. communiqués concernant les incendies en Russie :
https://robindesbois.org/communiques/radioactif/siteetdechet/2010/incendies_forets.html
https://robindesbois.org/communiques/radioactif/siteetdechet/2010/incendies_forets_suite.html

(2) Compte –rendu de la séance du CSPRT du 14 décembre 2010

(3) Cf. chapitre « Le risque technologique barrage » du rapport « Déchets post-catastrophe : risques sanitaires et environnementaux » page 99

Voir aussi :
Réacteur par réacteur, piscine par piscine, la cinétique de la catastrophe selon AREVA (pdf)
https://robindesbois.org/dossiers/nucleaire/ArevaAccidentFukushima11mars2011.pdf

 

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