Les dents de la mer

18 mars 2002

Aristote Onassis, le plus célèbre des armateurs grecs, fut un précurseur des pavillons de complaisance. En 1965, il déclarait: “mon pays favori est celui qui accorde le maximum d’immunité à l’égard des impôts, des restrictions commerciales et des réglementations inutiles”.

Hellenic Slopes, qui, le 21 Février a acheté à la Copamar, un armateur français, un rafiot de plus de 30 ans, reprend à son compte les paroles du maître. En effet, le Gatteville n’a pas de licence de navigation. Elle lui a été retirée en Septembre 2001, par la société française de classification Bureau Véritas. Cependant, Dimanche 17 Mars 2002, un inspecteur du Bureau Véritas, a passé plusieurs heures sur le Gatteville., en compagnie de représentants du Centre de Sécurité des Navires de Caen – Cherbourg.

Pendant la première quinzaine de mars, c’est le “superviseur” d’une société de classification affiliée au registre panaméen qui s’occupait du Gatteville et tentait avec l’aide de l’équipage de le remettre dans un état acceptable. Le Gatteville est à quai depuis deux ans. Son affrêteur unique, Total, quelques mois après le naufrage de l’Erika, a décidé de ne plus utiliser de navires âgés de plus de 25 ans. Le Gatteville – il n’a toujours pas changé de nom – bat pavillon panaméen. En autorisant éventuellement la remise en navigation du Gatteville, les autorités françaises iraient à l’encontre d’une des seules mesures concrètes et positives prises après le naufrage de l’Erika.

Neuf marins grecs sur une poubelle veulent prendre la mer et regagner le Pirée. Les marins français sont eux, sur les quais. Le système Onassis continue de fonctionner. Avec la CGT Marins, Robin des Bois a pendant plusieurs mois tenté d’éviter le retour à la navigation du Han, un bateau immobilisé à Brest. Les affaires maritimes l’ont laissé partir en Janvier 2001 à la condition qu’il soit immédiatement détruit à son arrivée. Sous l’appellation de Tom T, il est toujours en service; il s’est même trouvé une société de classification européenne, la RINAVE Portugesa, pour lui donner des papiers. Une raison de plus pour préconiser la destruction du Gatteville en France ou dans un pays voisin.

Robin des Bois prie la préfecture maritime de communiquer préalablement à l’éventuel départ du Gatteville toutes les informations relatives à son état, à son futur usage, à ses classes et certificats de navigation. Si tous les détails ne sont pas transmis à la presse et au public, Robin des Bois demandera communication des rapports pertinents du Centre de Sécurité des Navires, en sollicitant si nécessaire la Commisssion d’Accès aux Documents Administratifs.

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