Les errements de la déconstruction navale

25 oct. 2003

Objet : Clemenceau

Après avoir formé le projet d’immerger officiellement le porte-avions Clemenceau, la Marine Nationale se trouve confrontée au maquis de la sous-traitance des ferrailleurs de navires. Parti de Toulon et attendu à Gijon, le convoi s’orienta donc vers la Méditerranée orientale.

Il n’est finalement pas sûr que l’ex-navire de guerre, contenant plusieurs milliers de tonnes d’amiante, des milliers de litres de pyralène et des résidus d’hydrocarbures trouve un démolisseur, sauf en Inde ou au Pakistan. Alerte ! A défaut d’immersion volontaire, une immersion accidentelle est vite arrivée. La politique de la Marine Nationale est ambiguë. Jusqu’à l’entrée en vigueur le 31 décembre 2004 de l’interdiction d’immersion de navires dans le cadre de la convention internationale pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est, la Marine Nationale entend détruire plus de 50 navires au cours d’exercices de tirs liés à l’entraînement des forces navales.

L’Etat français n’est pas en reste. Les navires désaffectés du service des Phares et Balises sont d’ici quelques mois promis au même exutoire et au même mode d’élimination. La Marine Nationale a même inventé un mot spécifique pour valider cette pratique : “ l’océanisation ”. Elle a, il y a un mois, procédé à l’océanisation expéditive de l’Adamandas, un cargo de 165 m de long considéré comme en perdition par les autorités françaises civiles et maritimes avant même que les experts de la compagnie internationale Smit puissent donner leur avis sur les conditions d’assistance.

Depuis 3 ans, Robin des Bois réclame la mise en place en Europe du Nord d’une plate-forme de déconstruction de navires-poubelles, qu’ils soient civils ou militaires. Les pouvoirs publics restent totalement inactifs à ce sujet, même au stade de la cogitation.

Il se murmure que l’un des prochains immergés serait le Winner, la fameuse prise de guerre de la Marine Française le 13 juin 2002. A Brest, les candidats à “ l’océanisation ” –bateaux saisis, remorqueurs, et autres engins flottants- sont sur une longue liste d’attente.

Sans attendre la fin de l’année 2004, l’Etat français et la Marine Nationale sont déjà dans l’illégalité. Depuis février 2003, le plan national de décontamination et d’élimination des appareils contenant du pyralène oblige tous les détenteurs à procéder à l’inventaire et à l’élimination dans des filières agréées de tous les appareils contenant du pyralène. L’abandon, la cession, la location, la revente de tout appareillage électrique contenant ces substances chlorées, persistantes, et particulièrement dangereuses pour l’environnement marin sont interdits. Or, avant d’être revendus à des ferrailleurs, les bateaux-poubelles ne sont pas débarrassés de ces déchets toxiques. Entre 1950 et 1990, l’usage du pyralène (appellation commerciale des PolyChloroBiphényles -PCB-) était privilégié à bord des navires, compte-tenu de ses capacités de résistance à l’incendie.

 

 

 

 

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