La Commission Nationale pour l’Information et le Suivi de l’Elimination des Farines Animales (CNISEFA), qui dépend du Premier Ministre, ne s’est pas réunie depuis le 31 janvier 2002. Cette structure d’échange d’informations entre administrations, filières professionnelles, associations de protection de l’environnement et associations de consommateurs, est en sommeil alors qu’émergent les projets d’un stockage géant et d’incinérateurs attrape-tout, et que les préfectures occultent ou distillent les informations.
A Fierville-Bray, dans le Calvados, le projet de stockage de 900.000 tonnes de farines animales dans 39.000 conteneurs, ou dans 18 bâtiments à construire, a été officiellement révélé début juin, provoquant la colère des élus locaux et de la population encore une fois informés au dernier moment. L’option conteneurs banalise les contenus, la traçabilité est problématique, et les exportations tentantes: le transport de farines animales n’est pas assujetti au Règlement du Transport des Matières Dangereuses, qui impose notamment un étiquettage extérieur. La surveillance thermique de 39.000 conteneurs est illusoire.`
La gestion des stocks suscite de multiples questions, auxquelles les préfets ne répondent pas. Que s’est-il passé à Combrée dans le Maine-et-Loire, le 1er octobre 2001, après qu’un big-bag de farines animales ait été détecté en auto-combustion dans un camion arrivé sur le site? Selon quelles modalités techniques ont été nettoyés et désinfectés les entrepôts de Bapaume (Pas-de-Calais), de Milly-la-Forêt (Essonne), de Cléguer (Morbihan), vidés de leurs stocks en 2000 et 2001? Cette cohésion dans le mutisme est préjudiciable à la définition de meilleures pratiques: les informations que nous avons recueillies montrent que les solutions mises en oeuvre vont du simple balayage à l’aspersion d’eau chlorée ou à la nébulisation de formol.
Que sont devenues les farines animales issues de l’abattage en urgence des 6000 animaux d’élevage contaminés par les émissions de dioxines de l’incinérateur d’ordures ménagères de Gilly-sur-Isère? Une information et une protection spécifiques au risque de relargage de dioxines ont-elles été fournies aux ouvriers de l’équarrissage mobilisé?
Quant aux incinérateurs en projet, la tendance n’est plus aux unités dédiées à la destruction des farines animales, mais à la création de fours multi-filières, censés mélanger déchets animaux crus ou transformés en farine, boues de stations d’épuration urbaines ou industrielles, eaux polluées, déchets industriels divers. A Plouray (Morbihan), à Plénée-Jugon (Côtes-d’Armor), à Cornillé (Ille-et-Vilaine), de lourdes carences d’informations font émettre des doutes sur la fiabilité des projets.
Dans ce dossier des farines animales la concertation locale et nationale est au point mort. Robin des Bois demande au Premier ministre une réunion urgente de la CNISEFA, afin d’être informés des évolutions du dispositif national de stockage et d’élimination des farines, de ses perspectives et de ses blocages.
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