Dans le Golfe de Gascogne vivent des dauphins communs, dauphins bleu et blanc, globicéphales noirs, marsouins, et autres espèces de mammifères marins protégés. Nageurs de surface et de pleine eau, les dauphins auront à connaître des nappes flottantes et des nappes immergées. Les exemples de l’Exxon Valdez et de l’Erika indiquent que les baleines et les dauphins fuient les marées noires concentrées. Mais les fragmentations successives du fuel lourd du Prestige dans l’océan et dans le temps vont rendre beaucoup plus difficile la détection des nappes et des plaques par les mammifères marins. L’impact sur l’écosystème risque de diminuer leur disponibilité alimentaire. Colmatage des évents, intoxication par ingestion de poissons ou de macro-déchets pollués, perte de mobilité et irritation des yeux sont les effets immédiats à redouter.
A terme, la contamination supplémentaire de la chaîne alimentaire marine par les hydrocarbures non-biodégradables et les métaux lourds atteindra les dauphins. Ils sont au sommet de la chaîne alimentaire marine et sont les réservoirs ultimes des contaminants. La toxicité des Hydrocarbures Polycycliques Aromatiques -HPA- est la même pour tous les mammifères : caractère cancérigène et diminution de la fécondité. Dans le Golfe du Saint-Laurent au Canada, la mortalité par cancers des bélugas échoués est attribuée aux HPA par la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.
Des échouages massifs de dauphins surviennent régulièrement en hiver sur les côtes atlantiques françaises du pays Basque à la Vendée. Les autopsies montrent que leur état sanitaire général est dégradé. Une partie des échouages est attribuée aux captures involontaires dans les chaluts pélagiques déployés par les pêcheurs. Des mesures correctives sont étudiées par l’Ifremer, comme une trappe à dauphins au fond du chalut. Elle n’a pas encore fait ses preuves.
Après l’Erika, des programmes de recherches ont été lancés par le Centre de Recherche sur les Mammifères Marins et par Océanopolis pour évaluer l’impact de la marée noire sur les petits cétacés du Golfe de Gascogne, et sur les loutres d’Europe et phoques de Bretagne et des pays de Loire. Ces études en cours vont devoir prendre en compte le caractère répétitif et cumulatif des marées noires et des autres accidents de transport maritime de matières dangereuses.
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