Les rhinocéros radioactifs

Rosatom, maître d’œuvre et fer de lance de l’industrie nucléaire russe, a trouvé dans la lutte contre le braconnage un nouveau moyen d’étendre son influence sur le continent africain.

Le « projet Rhisotope » consiste à injecter dans les cornes des rhinocéros des substances radioactives stables et à vie longue susceptibles d’être détectées par les appareils de contrôle installés dans les ports et les aéroports. « Rhisotope » faciliterait ainsi la traçabilité des cornes et la lutte contre la contrebande internationale tout en contribuant à la réduction de la demande. Dans la réserve privée de Buffalo Kloof près de Port Elizabeth, deux rhinocéros viennent de servir de cobayes à cette initiative. Pendant trois mois, les deux rhinocéros dont l’un a été surnommé Igor en hommage à Igor Kurchatov, pionnier de la bombe atomique soviétique, vont faire l’objet d’un suivi radiologique pour étudier le comportement des isotopes radioactifs et leur éventuelle migration dans le corps et les organes des animaux.
Rosatom et ses partenaires sud-africains, australiens et américains entendent étendre ce marquage radioactif à d’autres espèces menacées d’extinction. Le président directeur général de Rosatom pour l’Afrique centrale et australe est peu modeste : « Nous pensons que la science, et en particulier la science nucléaire, jouera un rôle fondamental dans la protection non seulement du rhinocéros, mais aussi de notre planète en général. »

Dès 2010, des tentatives similaires et sans lendemain ont été menées en Afrique du Sud pour dissuader les braconniers et les consommateurs en injectant dans les cornes des rhinos des colorants dits indélébiles et des substances chimiques toxiques.

Rosatom fournit de l’uranium enrichi à la centrale nucléaire sud-africaine de Koeberg depuis les années 90 et tisse sa toile en Afrique depuis les années 2010. La société d’Etat russe a signé en avril 2021 des accords de coopération avec le Burundi et l’Éthiopie.

Avec cette expérimentation animale, Rosatom fait son marketing.