Les Seveso continuent à sortir de leurs cages

24 juil. 2020

La marée corrosive de chlorure ferrique qui s’est répandue dans les anses et sur le littoral de Martigues provient d’une usine historique qui fait l’objet théorique d’un plan anti-vieillissement. Le chlorure ferrique est miscible dans l’eau douce et l’eau de mer et il n’est pas possible de le récupérer comme cela se fait pour les hydrocarbures. Ce dérivé du chlore est utilisé comme désinfectant dans les stations d’épuration des eaux usées. Kem One Martigues-Lavéra produit du chlore, du chlorure ferrique, de la soude et de l’eau de javel. Le site a dû être en production accélérée et engranger des profits importants au plus fort de la crise Covid-19.

Le littoral sinistré est inclus dans la Zone Naturelle d´Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (Znieff) Marine Type I de Ponteau à La Pointe de Carro. Les herbiers de posidonies, les oursins violets, les dattes de mer, les coraux et les éponges risquent d’être brûlés par le chlorure ferrique concentré. L’impact sur l’écosystème devra être suivi sur le long terme. Après les rejets accidentels de ce produit chimique dans les rivières, il a été constaté des mortalités de poissons et de batraciens.

Kem One Martigues-Lavéra, ex Arkema/Total, est un site Seveso seuil haut. Il a fait l’objet de 4 arrêtés de mise en demeure depuis 2016. Le dernier en date du 26 décembre 2019 met en demeure l’exploitant de renforcer la sécurité de ses stockages de chlore au plus tard le 31 mars 2020.  L’arrêté de mise en demeure du 2 juillet 2019 reproche à l’exploitant de ne pas avoir mis à jour son étude de dangers dans les délais requis et lui impose cette actualisation dans un délai de 2 mois. L’arrêté de mise en demeure du 13 juillet 2018 reproche à Kem One le non respect des valeurs limites en polluants de ses rejets liquides.  La dernière visite d’inspection de la DREAL sur le site de Kem One Martigues-Lavéra a eu lieu le 18 juin 2020.

Le groupe Kem One est dirigé par un fonds d’investissement américain qui a racheté à Arkema le pôle d’activités chlorochimiques en 2012 pour 1€ symbolique.

La répétition des arrêtés préfectoraux de mise en demeure à l’encontre de Kem One Martigues-Lavéra montre que l’exploitant ne considère pas la protection des travailleurs, des populations et de l’environnement comme une priorité.

Cet accident 9 mois après Lubrizol à Rouen remet au goût du jour la cohabitation difficile entre les usines Seveso et les autres activités humaines. Robin des Bois a été informé d’une mauvaise gestion des lagunes de déchets liquides sur le site voisin de Kem One Fos-sur-Mer. 57 sites Seveso sont implantés dans le département des Bouches-du-Rhône dont 13 sur la commune de Martigues. Les ressources humaines de la DREAL Bouches-du-Rhône sont insuffisantes pour imposer une maîtrise des risques industriels.

Plusieurs familles en partance pour leurs vacances à Martigues nous ont contacté ce matin et protestent contre le peu d’informations pratiques disponibles à la mairie et au syndicat d’initiative. Voir à ce sujet l’arrêté de la préfecture maritime de Toulon (pdf en lien).

De l’avis de Robin des Bois, il serait prudent d’interdire la baignade et la plongée sous-marine au delà du 24 juillet 2020 à minuit.

L’association va porter plainte.

 

Photo DR via France 3

 

 

 

 

 

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