Les vanneaux sont dupés et les alouettes déchantent

7 nov. 2023

Le ministère de la Transition écologique avait pourtant déclaré en séance publique au Sénat le 27 septembre 2023 que les chasses traditionnelles aux filets, aux pantes et aux matoles ne seront pas reconduites pour la campagne de chasse 2023-2024.

Mais une injonction foudroyante a bousculé ces belles intentions et fait plier le ministère.

Le vanneau huppé pèse 150 à 300 grammes © Gidzy

Le 13 octobre, le préfet des Ardennes “vue la demande d’autorisation à titre scientifique dans le milieu naturel de capture de vanneaux huppés et de pluviers dorés de la Fédération départementale des chasseurs” a autorisé la capture de 500 vanneaux et de 15 pluviers à l’aide de filets entre le 14 octobre 2023 et le 29 février 2024. Les oiseaux devront être relâchés dans la nature après la capture et la cotation de leurs blessures sur une échelle de gravité qui va du banal “relâché en bonne santé ou dans un état de santé identique à avant la capture” jusqu’à “la blessure susceptible d’engager le pronostic vital : fracture, paralysie, crachement de sang, hémorragie”. Le stress mental et physique de la capture, de la manipulation par les “scientifiques”, de l’auscultation, de l’isolement et de la perte de contact avec les congénères n’est pas pris en compte.

Les vanneaux huppés et les pluviers dorés ne sont pas les seuls dindons de cette farce cruelle.

Le 20 octobre, le préfet des Landes, cédant à la demande de la Fédération départementale des chasseurs d’autorisation de capture à titre scientifique dans le milieu naturel d’alouettes des champs, a autorisé la capture de 2500 spécimens à l’aide de pantes et de matoles (des filets et des cages pièges destinés aussi à capturer les ortolans). Ces captures pourront perdurer jusqu’au 20 novembre. Le “protocole scientifique” analogue à celui des Ardennes pour les vanneaux et les pluviers sera mis en œuvre par les chasseurs, premiers écologistes et scientifiques de terrain de l’Hexagone, assistés dans leur croisade par un front de députés et de sénateurs défenseurs du rôti d’alouettes (et d’ortolans) et aussi du foie gras.

Les 12, 16 et 18 octobre, les préfets du Lot-et-Garonne, de la Gironde et des Pyrénées-Atlantiques cédant aux demandes similaires des Fédérations départementales de chasse avaient respectivement autorisé dans les mêmes conditions la capture de 500, 2000 et 500 alouettes des champs.

Le pluvier doré pèse 140 à 210 grammes © Muséum National d’Histoire Naturelle

L’alouette des champs pèse 25 à 50 grammes © Steven Mlodinow

La France marche sur les pas de l’archipel de Malte qui depuis 3 ans autorise ses chasseurs à capturer notamment des pluviers dorés, des grives musiciennes, des pinsons des arbres et des chardonnerets élégants pour mieux connaître les trajectoires de migration de ces oiseaux chanteurs.

L’alibi scientifique de la France est de mieux connaître la sélectivité des chasses traditionnelles.

Les initiatives de Malte et de la France rappellent la chasse “scientifique” des baleines lancée par le Japon en 1987 pour mieux connaître leur régime alimentaire.

 

 

 

 

 

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