L’Etat français renforce sa présence dans l’Océan Indien

16 mars 2006

Une vieillotte vedette à passagers immobilisée à Cherbourg depuis plusieurs années s’apprête, après un toilettage et quelques coups de peinture, à rejoindre par ses propres moyens et avec un équipage de 6 hommes le canal de Mozambique et les Comores.

L’Alizés, qui sera bientôt rebaptisé Tratringa III, vient d’être racheté dans des conditions non connues par un armateur comorien peu apprécié par les Affaires Maritimes du territoire français de Mayotte qui ont constaté à plusieurs reprises sur la flotte de Mr Camille Boudra et en particulier sur le Tratringa II “de nombreuses et graves défaillances et ce malgré les prescriptions notifiées par l’inspecteur de sécurité des navires à l’armateur”.

Depuis la mise à l’écart administrative du Tratringa II, il ne reste aux comoriens se rendant à Mayotte qu’à prendre l’avion quand ils en ont les moyens financiers, ou avoir recours aux “kwassa-kwassa”, ces très furtives embarcations rapides qui transportent entre les Comores et Mayotte des cargaisons de cannabis, d’ylang-ylang, une plante rare utilisée en parfumerie, et d’émigrants clandestins. Le Tratringa III sera justement réquisitionné sur le trajet Mayotte-Comores par le Ministère de l’Intérieur français pour reconduire un flux de passagers clandestins de plus en plus soutenu. La réquisition du Tratringa III par l’Etat français s’inscrit dans le cadre d’un renforcement des moyens de surveillance et de lutte contre l’immigration clandestine dans l’Océan Indien.

Le choix de l’objet flottant dans le bassin de commerce de Cherbourg pour participer à ces opérations de maintien de l’ordre dans l’Océan Indien est surprenant, d’autant que Cherbourg est très éloigné du port mahorais de Dzaoudzi et des Comores. Les risques sont grands pour l’équipage que le Tratringa III n’arrive jamais à bon port, et aussi pour l’environnement puisqu’il est envisagé pour lui donner une autonomie de navire de haute mer de le charger avec plusieurs dizaines de fûts de fuel. Tout cela, sous la haute responsabilité du pavillon comorien, “pavillon noir” selon l’Union Européenne et dont les navires sont souvent détenus dans les ports ou suspectés de se livrer à des trafics d’armes ou d’explosifs. Il y a 2 ans, un ferry comorien, le Samson, a coulé aux abords de Madagascar, chargé selon les armateurs de 120 passagers et du double selon un des survivants.

Il est souligné dans notre inventaire de mai 2005 sur les naufrages de bacs (cliquez ici pour le consulter), car ferries et autres navires transporteurs de passagers que la revente de ces vieux et périmés navires à passagers vers les pays de l’hémisphère sud se termine souvent par des naufrages très meurtriers. En conséquence, Robin des Bois considère que cette transaction doit être dénoncée.

Imprimer cet article Imprimer cet article