Depuis le 13 janvier 2005, la pêche est interdite dans la rivière Essonne entre la commune de Beaulne et celle de Corbeil-Essonne au niveau de la confluence avec la Seine. Il y a sur cette section de l’Essonne des dizaines de pêcheurs assidus et superéquipés par Mondial Pêche. Il y en a encore plus dans les étangs et marais adjacents. Tout cet écosystème aquatique est intégré dans des Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF), des Zones Natura 2000, et une Zone d’Importance pour la Conservation des Oiseaux (ZICO). Ces pièces d’eau ne sont pas concernées par l’arrêté préfectoral d’interdiction de pêche alors que l’interdiction de la pêche dans la Somme intègre « les points d’eau hydrogéologiquement reliés ». Des analyses PCB devraient être diligentées dans les poissons des étangs de Saint-Blaise, de l’Etang Fleuri et des marais attenant à l’Essonne.
L’Essonne et de ses zones humides sont soumises à plusieurs sources PCB en provenance de sites pollués complexes.
A Ballancourt-sur-Essonne, une unité de régénération de solvants usagés a fonctionné de 1946 à 1992. L’ADEME a retiré et traité plusieurs milliers de fûts toxiques mais les terres polluées sont restées sur place ; la quantité résiduelle de PCB est évaluée entre 7 et 10 t. La teneur maximale de 1.537 mg/kg a été retrouvée dans certains échantillons. La nappe alluviale est touchée. Les PCB sont associés dans la fosse à déchets à des hydrocarbures polycycliques aromatiques, du benzène et des métaux lourds. Des incertitudes existent sur la capacité d’un réseau de palplanches (une sorte de clôture immergée) autour de l’ile d’Amour – lieu-dit de l’exploitation – à éviter les transferts de polluants vers la rivière et sa nappe alluviale. En juillet 2007, le préfet de l’Essonne a demandé au maire de Ballancourt-sur-Essonne de prendre un arrêté municipal d’interdiction de tous les usages domestiques de l’eau souterraine, y compris l’arrosage des jardins et le remplissage des piscines.
Un autre site complexe est situé à une douzaine de km en aval du site Rodanet de Ballancourt-sur-Essonne. Il s’agit des papeteries Darblay, à Corbeil-Essonne, fondées en 1867 et fermées en 1996. Ce site historique qui attire l’attention par la qualité architecturale de plusieurs de ses ateliers a été une source multiple de contamination aux PCB. Les papiers auto-imprimants étaient une de ses spécialités. L’usage de PCB est bien connu dans cette fabrication. De 1985 à 1996, des papiers à recycler ont été utilisés pour la production de la pâte et les PCB entraient dans les années 1960 à 1980 dans la composition des encres. Le rejet des papeteries est attesté comme une des sources de PCB dans les milieux aquatiques et enfin des transformateurs ont été éventrés pour en extraire le cuivre en 2003.
Au long de la rivière, il n’y a pas un seul panneau d’informationsur l’interdiction de la pêche. Le programme immobilier qui sur les berges de la rivière sinistrée vante la prochaine réhabilitation du site papetier aguiche les acquéreurs avec des « promenades nature au bord de la rivière » ; les pêcheurs continuent à exercer leur passion, à digérer les fritures et à fumer les anguilles en famille. Pour eux « la pollution c’était avant » et les poissons n’ont jamais autant frétillé. Les nanogrammes de PCB par kg de poisson frais, ils ne veulent pas en entendre parler. Il ne faut pas non plus compter sur les associations de pêcheurs, les équipementiers de pêche et la fédération de pêche de l’Essonne pour relayer la nouvelle.
De même, les pêcheurs d’anguilles du dimanche ou professionnels sont encore très nombreux dans la Seine aval alors que cette pêche est interdite du fait des PCB dans la Seine Maritime, l’Eure et le Calvados. Au vu de ces carences, l’information devrait être renforcée. Les maires, les agents de la force publique, les directions départementales des services vétérinaires sont chargés de l’exécution des arrêtés d’interdiction de pêche mais sur le terrain ils sont plus que discrets.
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