Les acteurs ont la mémoire courte ; ont-ils trop absorbé d’acide domoïque, la toxine amnésiante produite par la pseudo-nitzschia, une des espèces planctoniques responsables de la contamination des coquillages et des intoxications des consommateurs -poissons-oiseaux-genre humain-?
En vérité, les coquilles Saint-Jacques de la baie de Seine et de la Manche Nord vivent depuis 2002 dans un milieu très perturbé. Elles reçoivent en permanence les retombées des dragages massifs (40 millions de tonnes) préliminaires à la construction de “Port 2000” au Havre.
Il est déjà prouvé que les boues de dragages sont des réservoirs de kystes d’espèces planctoniques secrétant des toxines paralysantes (Alexandrium minutum) et que l’immersion des boues de dragage et la dispersion des formes enkystées et revivifiables dans le milieu marin favorise les efflorescences.
L’insuffisance des moyens financiers et scientifiques consacrés à la prolifération des planctons toxiques sur le littoral français ne permet pas aujourd’hui d’affirmer que les pseudo-nitzschia peuvent se multiplier comme les Alexandrium minutum grâce aux cycles dragage-immersion de déblais de dragage mais la question est posée. De même, le rôle de l’enrichissement du milieu par des nutriments, comme l’azote et le phosphore stockés dans les sédiments, dans le développement des planctons toxiques mérite d’être approfondi.
Dans le dossier d’enquête publique sur les dragages nécessaires et préliminaires à “Port 2000”, il n’y avait aucune trace d’un dénombrement des cellules viables de planctons toxiques dans les sédiments à draguer et à immerger prés des gisements conchylicoles, malgré les demandes de Robin des Bois et les recommandations génériques des trop rares spécialistes français des algues toxiques. Ifremer surveille les effets, les pêcheurs subissent les conséquences, mais qui se préoccupe des causes, mis à part quelques chercheurs compétents mais isolés ?
Robin des Bois demande au Ministère de l’Agriculture, de l’alimentation, de la pêche et des affaires rurales ainsi qu’à l’AFSSA et à l’Ifremer de diligenter des inventaires des espèces planctoniques potentiellement toxiques en Baie de Seine et d’évaluer dans ce domaine l’impact des boues de dragages et des eaux de ballast du trafic maritime.
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