Miam Miam le caviar !

5 nov. 2001

Vue par Jean-Paul Goude” pour les Galeries Lafayette, Laetitia Casta baigne dans le cristal et sème des grains de caviar à coup de grosse cuillère. Cet accident du mauvais goût invite au nouveau marché que lance le grand magasin parisien quelques semaines avant les fêtes de fin d’année.

Au centre du “ parcours des sens ” trône en effet le barnum du caviar avec des œufs d’esturgeons de la mer Caspienne de 13.000 à 28.000 francs le kilo. Ses animateurs ne semblent avoir jamais entendu parler de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction – CITES -, ni de l’inscription de l’esturgeon à l’annexe II de cette Convention. Le numéro des permis d’importation n’est pas visible sur les boîtes.

Les esturgeons sont en perdition. L’annexe I de la CITES qui interdirait tout commerce international est nécessaire pour enrayer leur extinction. Seuls un contrôle du marché et des quotas d’exportation du caviar ont été finalement acceptés en 1997. Protégées tardivement, les espèces prisées pour leurs œufs, principalement Huso huso, Acipenser gueldenstaedtii et Acipenser stellatus, ne se remettent pas de la surpêche légale et du braconnage. Les prises d’esturgeons de la mer Caspienne ont chuté avec les effectifs : de 24.000 tonnes en 1984, elles n’étaient plus que de 5.400 tonnes en 1994 et d’environ 340 tonnes en 2000. La contrebande représente de 80% à 90% du marché du caviar : faux planchers de camions, valises diplomatiques et touristiques, personnel navigants des avions ou des paquebots … le caviar de basse qualité et à haut risque bactériologique trouve toujours une filière et des amateurs. En juin 2001, quatre pays riverains de la Caspienne se sont engagés à ne plus pêcher officiellement d’esturgeon jusqu’à la fin de l’année pour contribuer à la sauvegarde des espèces et tenter de reprendre en main le contrôle du commerce.

La France et la Suisse sont les premiers consommateurs européens de caviar. Après les demandes massives des grandes surfaces françaises qui ont contribué à la surexploitation de l’esturgeon, la campagne de promotion offerte par les Galeries Lafayette est une nouvelle incitation à la consommation et à la contrebande. Robin des Bois demande au grand magasin d’interrompre sa campagne d’affichage et de promotion et de mettre en avant un autre symbole gastronomique, le chocolat par exemple, dont la TVA est à 19,6 % alors que celle du caviar, calée sur celle des produits alimentaires de base, est de 5,5 %.

 

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