Montérolier: les vestiges de guerre reviennent en surface

22 mai 2001

La photo aérienne de l’IGN d’avril 1952 démontre un remaniement du sol au dessus des galeries souterraines de Montérolier. Cette anomalie n’est pas repérable sur la photo de 1947. Le réseau des galeries de Montérolier a servi d’entrepôt aux armées allemandes concentrées pendant la dernière guerre sur le plateau haut – normand où une centaine de rampes de lancement de missiles V1 étaient en activité ou en construction en hiver 1944.

En juin 1995, 9 personnes dont 3 enfants y ont trouvé la mort. Piégées dans les galeries depuis le début de la soirée du 21 juin, elles avaient été abandonnées à elles – mêmes entre minuit et 7 h, à la suite de l’interruption des secours fondée sur la mort du médecin capitaine des pompiers de Rouen vers 23 h, à quelques mètres de la sortie du réseau et sur le manque d’informations quant au phénomène pyrotechnique en cours. Au petit matin, un des pompier était retrouvé, la vie encore chevillée au corps. Il survécut après plusieurs jours de réanimation. Mais à 16h30, le dernier corps des 8 autres victimes était évacué. 2 ans après, la vérité judiciaire déclarait que la catastrophe avait été provoquée exclusivement par un feu de camp allumé dans l’après-midi par les enfants et les émanations de monoxyde de carbone. Les familles des victimes, le corps des pompiers de Seine-Maritime, beaucoup d’experts en toxicologie contestent cette explication.

Après la diffusion de la photo aérienne par Robin des Bois, M. le Préfet de Rouen a diligenté la DRIRE et le BRGM de Rouen pour effectuer des fouilles non destructives sur la prairie suspecte. Les premiers résultats publiés en novembre 2000 sont intéressants. Des anomalies magnétiques significatives ont été repérées en bordure sud du site et des centaines de contacts radar sont attribués à des silex mais peuvent l’être aussi à des éclats d’obus d’1 cm environ de dimension. Une deuxième campagne a été annoncée en novembre 2000 mais elle n’est pas encore programmée, ni structurée

Robin des Bois estime que la prairie située au dessus des galeries souterraines a été utilisée pour le stockage “provisoire” et la destruction de vestiges de guerre entre 1947 et 1952. La Haute – Normandie regorge dans ses sols, cavités et forêts d’armes chimiques et conventionnelles. Le site de Montérolier est un environnement à risques. La géologie du Pays de Bray, à base de calcaire et de marne, favorise la migration souterraine des fluides gazeux et liquides.

Nous demandons la réouverture des investigations, le creusement de tranchées de reconnaissance, l’implication d’un bureau d’études spécialisé dans les risques pyrotechniques comme le CEDERIT (Centre d’Études des Risques Technologiques) de Giat Industrie, la pose de piezomètres permettant le prélèvement et l’analyse d’eau souterraine, la pose de capteurs de gaz dans l’ensemble des galeries souterraines, la mise en sécurité des entrées des galeries qui 6 ans après le drame sont toujours accessibles, et un arrêté d’occupation temporaire qui comme à Vimy permettrait à l’État et à ses services de mener et de coordonner sans entraves ses actions de repérage et de prévention. Le premier périmètre concerné est inhabité. En plus de la vérité due aux familles et des actions de prévention à entreprendre pour éviter le renouvellement de tels drames, la France a très récemment (2 semaines avant l’évacuation de Vimy) pris des décrets d’application de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction. A ce titre, elle a un devoir d’inventaire, d’information, de mise en sécurité et de destruction des armes chimiques fabriquées en France depuis le début du siècle et abondonnées par des armées étrangères sur le territoire national.

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