MSC ROSA. M – le bateau qui revient de loin

14 déc. 1997

Le Havre

Evacué par les 22 membres d’équipage le 30 novembre, au large du port de Barfleur, le ROSA. M est revenu au port du Havre, à l’aube du 14 décembre. Tous feux éteints, le ROSA. M était pris en charge et escorté par 5 remorqueurs du port, plus l’Abeille Champagne. Le compartiment des machines est hors d’usage.

Volontairement échoué à l’est du port de Cherbourg, alors qu’il avait une gîte supérieure à 30 °, le ROSA. M est arrivé au Havre avec une gîte de 6°. Pendant 2 semaines, le pompage des eaux de cale et leur rejet en mer a pollué les abords du port de Becquet, puis la grande rade de Cherbourg, sans toutefois qu’une mortalité de poissons ou de coquillages ait été constatée. Au moins 2 fûts de lubrifiants parmi plusieurs dizaines arrimés en pontée sont tombés à l’eau. La présence à bord de marchandises dangereuses – des gaz toxiques, des inflammables, des corrosifs, et des comburants n’a été révélée publiquement que sous la pression de l’association Robin des Bois et la presse régionale. A partir du lundi 8 décembre, le Ministère de l’Environnement a mandaté le CEDRE (Centre d’Etudes et de Recherches en mer, basé à Brest) afin de faciliter les expertises de la Marine Nationale et de la compagnie les Abeilles.
L’équipée du MSC ROSA. M a été provoquée par la surcharge de plusieurs conteneurs par rapport au tonnage déclaré, la nécessité de corriger l’assiette du navire, les fausses manœuvres de ballastage et une cascade d’incompréhension entre le capitaine italien et l’équipage à grande majorité malgache.

Le MSC ROSA M. appartient à la Mediterranean Shipping Compagny basée à Genève, est sous pavillon cypriote et a été construit il y a 20 ans.

La prouesse de la compagnie de remorquage les Abeilles ne doit pas faire oublier les risques qui ont été pris, dans le cours de l’opération de sauvetage, risques pour les hommes chargés d’intervenir dans les ponts inférieurs inondés où des conteneurs et des remorques étaient désarrimées, risques pour l’environnement et la sécurité nautique.

Alors qu’aujourd’hui les armateurs et par conséquent les ports sont engagés dans une course aux bateaux de plus en plus gros, servis par des équipages de plus en plus réduits, l’accident du ROSA. M démontre la nécessité de limiter la taille des porte-conteneurs et d’adapter la coordination et la logistique des opérations de sauvetage dans la Baie de Seine et la Manche aux risques immenses qui sont d’ores et déjà encourus : le MSC ROSA. M a une capacité d’accueil de 1000 conteneurs, la nouvelle génération peut en porter 6500.

 

 

 

 

Imprimer cet article Imprimer cet article