Le Marfret Mejean a été victime d’une grave avarie de machines pendant une rotation entre Marseille et le port algérien de Bejaïa courant mai 2012. Ayant perdu son autonomie, il a été ramené au port de Marseille par un remorqueur turc.
Ce navire d’une longueur de 101 m bat pavillon Luxembourg. Il a été construit en 1998 en Chine, il est donc tout à fait probable qu’il contienne de l’amiante. Les inspections des ports ont relevé récemment de nombreuses déficiences et en 2010 il a même fait l’objet d’une détention à Marseille. Son armateur est la compagnie maritime Marfret dont le siège est à Marseille. Le président directeur général de Marfret, Mr Vidil, vient d’être élu président d’Armateurs de France.
Selon des informations parvenues à Robin des Bois qui n’ont pas été confirmées par Marfret, ni par le courtier Broker Shipping filiale de Marfret, le Marfret Mejean vient d’être vendu pour démolition « vers une destination lointaine ». Cette destination pourrait être un chantier d’Aliaga en Turquie ou pire. Les chantiers de Turquie n’utilisent pas les conditions d’échouage sur la plage mais les conditions de démolition restent disparates selon les sites, voire précaires. L’exportation d’un navire européen pour démolition doit appliquer la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination, et ses amendements. L’inventaire de toutes les matières dangereuses doit être réalisé. Une notification doit être soumise par le pays exportateur au pays importateur et la DREAL des Bouches-du-Rhône aura à délivrer son autorisation au terme de la procédure.
Il n’est pas rare dans la conjoncture actuelle de voir des porte-conteneurs d’une quinzaine d’années partir à la casse surtout quand ils ont été victimes d’accidents ou d’avaries graves.
Le cas du Marfret Mejean illustre encore une fois le manque sur la façade méditerranéenne d’un chantier de démolition des navires conforme à la réglementation française sur les Installations Classées pour la Protection de l’Environnement. Il serait cependant déplorable que le président d’Armateurs de France profite de cette lacune et montre à l’ensemble des armateurs français et européens le mauvais exemple. On peut toujours rêver et espérer que la destination lointaine soit le chantier Bartin à Bassens dans l’estuaire de la Gironde ou Van Heygen à Gand en Belgique.
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