Deux affaires en cours intéressent la vente à l’étranger de deux navires transporteurs de passagers de conception périmée susceptibles d’être plus tard impliqués dans un naufrage meurtrier survenant dans l’hémisphère Sud.
A notre sens, ces navires sont des candidats à un futur site de démantèlement.
Bordeaux
Le Medocain, ancien bac de l’estuaire de la Gironde entre le Verdon et Royan a été vendu 160.000 euros fin mai 2005 à l’issue de la vente aux enchères. Malgré une intervention préalable de Robin des Bois, il a été vendu à un armateur étranger et anonyme. La loi du silence règne à ce sujet. Nos courriers postérieurs à la vente aux enchères sont restés sans réponse comme les courriers antérieurs. Des informations non confirmées évoquaient une possible reconversion du Medocain en Afrique. Des offres étaient annoncées d’Algérie, de Grèce, … et de Madagascar – “160.000 euros c’est trop cher pour la ferraille mais pour le refaire naviguer, c’est une poignée de moules” avait surenchéri l’expert. Mais un espoir sérieux subsiste : un an après, le Medocain est toujours à Bordeaux. “Il n’a pas obtenu ses certificats de navigation” vient de nous dire quelqu’un qui n’était pas habilité à nous répondre. Pourtant l’expert breton qui assistait le commissaire priseur ne tarissait pas d’enthousiasme sur l’avenir du Medocain en Afrique ou en Méditerranée.
Cherbourg
L’Alizés, un petit catamaran de 28 m de long, d’une capacité réglementaire de 80 passagers construit il y a 28 ou 34 ans selon les sources a été récemment acheté par la Compagnie Comorienne de Navigation. Cet armateur le destine sous le nom de Tratringa III aux liaisons entre l’archipel des Comores et Mayotte et en particulier sur réquisition du Ministère de l’Intérieur français au rapatriement des immigrants clandestins entre Mayotte et les Comores. Robin des Bois a écrit le 17 mars à la direction nationale des Affaires Maritimes, à la direction locale et au Ministère de l’Intérieur pour souligner deux points qui sont incompatibles avec les exigences de la sécurité maritime : 1 – la précarité du voyage entre Cherbourg et les Comores s’il n’était pas effectué sur le pont d’un cargo, 2 – l’inadaptation à des parcours de plus de 100 milles nautiques dans une zone où les requins sont beaucoup plus nombreux que les moyens de secours de ce navire de conception ancienne, désarmé depuis plus de 5 ans et voué quand il était en activité à des excursions dans le golfe du Morbihan ou par beau temps entre les côtes du Cotentin Ouest et l’Ile de Jersey. La surcharge, la vétusté et la mauvaise maintenance des bateaux à passagers qui relient les Comores à Mayotte et à Madagascar sont responsables de nombreux naufrages qui ne se terminent pas toujours par des retrouvailles miraculeuses comme celle de la Mhadana repérée avec ses 62 passagers par la Boudeuse, une unité de la Marine Nationale après 9 jours de dérive à 330 km de Mayotte. Lancés le 17 mars, nos courriers aux Affaires Maritimes sont là encore restés sans réponse. Les travaux de peinture et de rafraîchissement sont maintenant presque terminés. Des inspecteurs de la société italienne de classification Rina seraient attendus à Cherbourg. La Rina est bien connue depuis le naufrage de l’Erika et plus récemment celui du Al-Salam Boccaccio 98 en Mer Rouge le 2 février 2006 (plus de 1000 morts) pour sa capacité à valider les bateaux invalides. Le transport par cargo du Tratringa III entre les Comores et Cherbourg a été un moment évoqué mais l’option serait abandonnée pour des raisons de coût. Il y aurait donc à Cherbourg un transfert imminent du pavillon français vers le pavillon comorien, l’un des plus dangereux du monde.
Les Affaires Maritimes de Cherbourg persistent à ne pas être au courant de la situation et à ne pas mettre cette affaire en haut de son agenda. Elles disent cependant que l’acte de vente visé par l’administration centrale n’est pas encore revenu « à première vue » à Cherbourg. Un espoir subsiste que les missives de Robin des Bois ne soient pas tombées aux paniers.
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