A l’initiative du Comité Régional des Pêches Maritimes de Basse-Normandie s’est tenue vendredi après-midi à Blainville-sur-Mer une réunion de présentation du projet du développeur de parcs éoliens Eole Res, basé à Avignon.
Les recherches en vue d’implanter des centrales éoliennes off-shore au large du Cotentin sont lancées depuis 5 ans par l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), dans la plus stricte intimité. Des potentialités ont été repérées du côté de Barfleur, des îles Saint-Marcouf, de la baie de Seine, mais aussi de Flamanville. Elles ont été abandonnées à cause du grand nombre d’oiseaux migrateurs. Le projet d’Eole Res en réponse à un appel d’offres du Ministère de l’Industrie est positionné au sud de Porbail. Son implantation définitive et sa géométrie ne sont pas précisément établies. Il comprendrait 23 à 27 éoliennes et aurait une puissance nominale de 150 mégawatts. Chaque éolienne a une altitude de 120 m; l’espacement entre deux mâts pourrait atteindre 700 m. Le dossier doit être remis au Ministère de l’Industrie à la mi-août 2004.
Il règne un brouillard épais sur les périmètres d’exclusion au pied de chacune des éoliennes, sur les réglementations de pêche et de navigation à l’intérieur de l’emprise de plusieurs km2. Les impacts de la phase chantier sur les poissons et l’environnement n’ont pas été développés et les effets des infra-sons en période de fonctionnement ont été relativisés. Les réflexes de fuite des poissons sont qualifiés de “négligeables” par les promoteurs. Les procédures de démantèlement des éoliennes off-shore et de leurs fondations ont été éludées.
Des mesures compensatoires comme l’essaimage de récifs artificiels, l’exploitation de l’image éolienne associée à la commercialisation des poissons, ont soulevé une nouvelle vague de scepticisme. Les exemples du Prado à Marseille ou d’une cuvée éolienne produite par des viticulteurs de l’Aude ont fait croire qu’Eole Res se trompait de mer et de rivage.
Un projet de la compagnie Total serait en cours de gestation, plus au nord et plus puissant, avec possibilité de raccordement au réseau 400.000 volts de la centrale nucléaire de Flamanville, à horizon 2010 – 2012.
La diversification des sources d’énergie est perçue comme positive, mais l’avancée masquée de l’énergie éolienne sur la côte ouest du Cotentin inquiète les pêcheurs, quels que soient les métiers. L’opposition est frontale. Il n’est ni sûr ni souhaitable que d’éventuelles indemnités annuelles suffisent à la fissurer. Selon le représentant du comité des Pêches de Cherbourg, les flottilles jersiaises sont à l’unisson. Des démarches sont entreprises par Jersey pour classer en zone préservée au titre de la Convention de Ramsar l’archipel des Ecrehou. Comme le nucléaire, le vent manque de transparence.
Imprimer cet article