Communiqué n°4
Commission Baleinière Internationale
21-25 juin 2010 Agadir – Maroc
Arrivés combatifs et confiants, les promoteurs du document de « compromis » comme ils aimaient l’appeler, font aujourd’hui profil bas. Les deux jours de travaux en « réunions privées entre commissaires » à l’abri des oreilles et des regards des ONG ont été infructueux. Le Japon, la Norvège, l’Islande et la Corée ont été entendus successivement par 5 groupes de pays pendant une trentaine de sessions sur deux jours. La pratique a été comparée par certains délégués à du Speed Dating.
Certains pays estiment qu’il faut maintenant repartir de zéro, d’autres qu’il faut considérer le document sur la table comme une base de travail pour l’avenir. L’Union Européenne est favorable à la seconde option. Les modalités de continuation du dialogue pendant cette « nouvelle période de réflexion » seront précisées avant la fin des débats.
La France, en dernière ligne droite, a joué un rôle important au sein de l’Union Européenne pour que le compromis glissant vers la réouverture de la chasse commerciale soit rejeté.
Monaco a souhaité que les discussions futures prennent en compte l’hypothèse d’une chasse uniquement dans les eaux territoriales des Etats (12 milles nautiques), sous réserve d’une bonne connaissance des populations de baleines, de la prise en compte des autres nuisances comme les prises accidentelles et d’une activité ancestrale de chasse. Les campagnes japonaises en Antarctique sont directement visées..
L’Inde s’est déclaré convaincue de l’importance des baleines et à ce titre le rapport de Robin des Bois sur les contributions positives des baleines aux écosystèmes marins est une des illustrations de cette importance. L’Inde a suggéré que la Commission Baleinière Internationale soit rebaptisée Commission Internationale de la Baleine, ce qui ôterait la connotation chasse héritée de la convention fondatrice datant de 1946.
L’Australie et le groupe des pays d’Amérique latine ont souligné que certains points sont malgré tout consensuels comme l’amélioration des connaissances de l’impact du changement climatique sur les baleines, des pollutions sonores, la réduction des collisions et des prises accidentelles. Le total déclaré en 2009 cumule 244 grandes baleines dont 179 rorquals de Minke capturés « involontairement » par le Japon et par la Corée du Sud où la viande de ces animaux se retrouve rapidement sur les marchés. Les données sont largement sous-estimées faute de déclaration obligatoire dans les registres de la CBI. En 2009, 38 collisions navires-baleines ont été déclarées. Elles sont mortelles pour les cétacés. Le Comité Scientifique de la CBI poursuit ses efforts pour mieux connaître les contaminations des baleines par les polluants chimiques et notamment le phénomène dit des « baleines puantes » dans les eaux arctiques. Le travail du Comité scientifique souvent occulté par les discussions politiques est remarquable. Il permet à lui seul d’affirmer que la CBI fonctionne, est très utile et pourrait l’être davantage encore si ces recherches scientifiques non léthales étaient développées.
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