Paranoïa et bateaux fantômes

25 oct. 2007

Depuis novembre 2003, quatre navires américains sont en attente de démantèlement dans le port anglais de Hartlepool. Suite au harcèlement judiciaire de l’organisation Amis de la Terre, ce démantèlement est sans cesse différé. L’association Robin des Bois a toujours déclaré pour sa part que le chantier ABLE UK devait avoir la possibilité d’honorer ses contrats de démolition des navires désaffectés de l’US Navy (Voir les communiqués de presse ” Un espoir pour les navires en fin de vie” du 8 décembre 2003 et “L’autre manière de voir le Clemenceau” du 30 décembre 2005).

Hartlepool-Robin-des-Bois-2007
Les “Ghost ships” américains à Hartlepool Capture d’écran Google Earth

Demander le retour de ces quatre navires aux Etats-Unis c’est faire prendre le risque inutile de naufrages et de pollution de l’environnent marin. Laisser ces navires à quai dans le port d’Hartlepool, c’est aussi prendre des risques et avec le temps contribuer à la pollution des sédiments à cause de la décomposition des peintures toxiques. Prétendre que laisser ces navires se démanteler à Hartlepool, c’est ouvrir la voie à des centaines d’autres navires de la même origine c’est à la fois une exagération et une extravagance au regard des 293 navires démolis dans le monde entier en 2006. Les Etats-Unis sont en train comme tous les autres pays occidentaux de chercher par eux-mêmes et dans leurs ports à trouver des solutions finales pour leurs vieux navires, autres que l’immersion.

En Europe, Robin des Bois souhaite que plusieurs chantiers acquièrent les capacités de démanteler proprement les navires en fin de vie, et constate que dans cette attente des dizaines de navires dont les armateurs sont européens ou anglais – voir le cas du Magnolia dans A la casse.com n° 10 – vont se faire ferrailler dans des conditions incompatibles avec les niveaux d’exigence sanitaire et environnementale en vigueur dans le communauté européenne.

Laissons ABLE UK aménager son chantier et démanteler un « ghost ship », voyons comment cela se passe pour l’environnement et pour les ouvriers et en combien de temps. C’est seulement après cette expérience que des enseignements pourront être tirés.

Alors qu’une partie de l’épave du MSC Napoli est amarrée depuis août 2007 dans les chantiers irlandais de Harland and Wolff (Belfast) en vue d’être démolie et que le HMS Fearless 158 m de long construit dans ces mêmes chantiers en 1963 s’apprête à être démoli dans les chantiers Galloo à Gand, en Belgique, l’immobilisme et la paranoïa d’Hartlepool ressemble à un combat d’arrière-garde et à un refus de s’engager dans un processus viable et fiable de recyclage des navires. C’est aussi une manière aussi de consolider les pratiques inacceptables en vigueur en Asie. Robin des Bois demande au conseil municipal d’Hartlepool de répondre favorablement à l’ultime requête du chantier ABLE. Si la requête était rejetée, les quatre navires devraient rejoindre dans les meilleurs délais un chantier de démolition de proximité.

 

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