Paris Plomb

5 août 2019

Notre-Dame de Paris, communiqué n°3

Le plomb tournoie autour de la cathédrale. Les poussières s’envolent depuis leurs nids de pierre et les 4000 tubes de l’échafaudage qui s’adossaient à la flèche effondrée. Le plomb est partout et il n’est affiché nulle part. Les alentours de la cathédrale sont devenus des lieux culte de l’insanité à l’exemple de la rue du Cloître-Notre-Dame. Le chantier est suspendu mais dans la rue, le business continue. Les micro et nano particules de plomb qui dégringolent des clochetons, des statues et des pinacles sont réputées être bloquées par une palissade. A Paris, depuis le 15 avril au soir, il y a du Tchernobyl dans l’air au niveau de l’information.

La doctrine générale impulsée par la Loi de modernisation de la sécurité civile signée en 2004 par 11 ministres dont le ministre de la Culture est de prendre de vitesse les catastrophes. Après l’incendie de Notre-Dame et la fusion à échelle industrielle du plomb, c’est le sur place ou la course de lenteur et les cachotteries qui se sont imposés. Pendant ce temps, les troupeaux de poussières de plomb sont partis en divagation sur les toitures, les trottoirs, les chaussées, les jardins publics et privés et dans la Seine. Les circulations routières et piétonnières sont des vecteurs de dissémination du plomb.

Les pouvoirs publics et la mairie de Paris mettent en avant pour se disculper « des trous dans la raquette de la réglementation ». En fait de trous, il s’agit de trous de mémoire. Dès 1932, le British Medical Journal a dénoncé « la lente, subtile et insidieuse saturation du métabolisme par des doses infinitésimales de plomb prolongée sur une longue période de temps ». Il est aujourd’hui admis qu’à partir de 12 µg de plomb/l de sang, un enfant est susceptible de perdre une partie de ses capacités d’apprentissage de la lecture, de la mémoire et de la conversation et qu’à partir de 15 µg/l de sang et de 36 µg/l, les adultes peuvent être victimes de pathologies rénales et cardiovasculaires.

Il y a aussi chez le préfet de Police de Paris, des troubles de la vision et de la logique. « Il n’y a aucun danger pour la vie des uns et des autres » « Marcher sur du plomb ne présente strictement aucun risque » selon lui. Cependant, il confirme que marcher sur les poussières de plomb aboutit à ramener des poussières à l’intérieur des domiciles et que cette importation constitue pour les enfants un risque sanitaire. Monsieur le préfet de Police de Paris ne voit pas non plus sur le parvis de Notre-Dame ou sur le quai de l’Archevêché des touristes avec des enfants en bas âge s’appuyer sur les rambardes et faire une pause alimentaire sur les trottoirs toxiques.

Sous la direction du ministère de la Culture et de Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques, l’organisation du chantier de consolidation marche à l’envers. A côté de l’insuffisance de la formation et de la protection des salariés, les déchets toxiques retirés de la cathédrale s’entassent depuis 3 mois dans des big bags stockés sur le parvis sous des chapiteaux qui au fil du temps, des vents et de l’envol des poussières sont aussi devenus des déchets. L’élite du ministère de la Culture a longtemps déambulé sur le parvis et à l’intérieur de la cathédrale en costume cravate. Le mauvais exemple vient d’en haut.

Le diocèse de Paris lui-même a contribué à l’incohérence des propos et des démarches en organisant à l’intérieur de la cathédrale dans une chapelle miraculeusement épargnée par les poussières une messe, sans revêtir d’autres Equipements de Protection Individuelle que des casques blancs d’opérette.

Heureusement le pouvoir judiciaire garde la tête froide. La première présidente de la cour d’appel de Paris fait procéder depuis le 26 juillet à une campagne de prélèvements relative à la teneur en plomb au sein du Palais de Justice sur l’île de la Cité.

Note:
Le 26 juillet 2019, Robin des Bois a déposé plainte contre X devant le procureur du Tribunal de Grande Instance de Paris pour carences fautives dans la mise en œuvre des mesures de police générale (notamment la protection et l’information des populations et des travailleurs) ayant pour conséquence la mise en danger délibérée de la personne d’autrui et la non-assistance à personne en danger.

 

 

 

 

 

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