Piles: la face cachée

19 déc. 2002

Dans la hotte du Père Noël cette année, de plus en plus de jouets à pile et les cadeaux empoisonnés de l’entreprise ZIMAVAL: 3500 tonnes de piles et de déchets entassés dans la prairie autour de l’usine, dans des big-bags et à ciel ouvert (voir photos ci-jointes); la liquidation judiciaire; des clients bernés: 300 communes, la FNAC, Boulanger, Nature et Découvertes, Surcouf… Tel est le bilan d’une “entreprise leader” dans le recyclage des piles et accumulateurs. Après un an de pseudo-activité, grâce à l’aide financière de l’ADEME, de l’Europe, de l’ANVAR, des collectivités locales, ZIMAVAL, établie à Falaise dans le Calvados, va fermer, laissant sur le tapis des piles venues du monde entier notamment de Taiwan; son directeur déclarait avec compassion en 2001 que la prestation était demandée par un pays qui n’a pas les moyens techniques de traiter les piles. Il ajoutait que “la COGÉMA ne fait pas autre chose en retraitant les déchets radioactifs du Japon”. La filière hydrométallurgique mise au point par ZIMAVAL n’a jamais fonctionné. Elle a pourtant reçu les prix Life environnement 1999 (Union Européenne), Anvar 1999, Ester d’Or 1998 (Technopole de Limoges) et les éloges de plusieurs associations environnementales. Seul a fonctionné dans cette usine un service commercial hyperperformant qui a capté les marchés et les lots de piles et qui a fait payer les prestations de services aux différents clients avant même que le procédé soit opérationnel. Le discours du directeur général de ZIMAVAL a su convaincre les services de l’État, désireux, sous la pression des différents ministères et de l’opinion publique, de développer le recyclage des piles sans prendre en compte le principe de précaution.

Chaque année en France, 720 millions de piles et 30 millions d’accumulateurs sont mis sur le marché, soit 31.000 t. Obligatoire depuis le 1er janvier 2001, leur collecte est une des plus faible d’Europe: 10 % du gisement mis en vente. L’importation de piles usagées en provenance de l’étranger (Pays-Bas, Danemark, Taiwan…) compense les faibles tonnages collectés dans l’hexagone. Les services de l’État et l’ADEME focalisent leur attention sur la collecte et délaissent le suivi du traitement. La France, en disposant d’une capacité théorique de traitement de plus de 41.500 t annuelles sur 9 sites, serait en mesure de répondre en totalité aux besoins. Ces sites de recyclage méritent un suivi, qui est à ce jour quasi-inexistant et complaisant.

Désormais la ville de Falaise se retrouve avec un site pollué et polluant sur les bras. Faudra-t-il à nouveau mobiliser les fonds publics de l’ADEME pour vider et décontaminer le site de ZIMAVAL ?

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