Dans l’hypothèse logique où des résidus d’hydrocarbures en provenance du Prestige s’échoueraient sur le littoral français, les sites dédiés au stockage provisoire ou à long terme seraient difficiles à trouver. Malgré les circulaires et instructions de décembre 1997, d’avril 2001 et de mars 2002, on ne peut parler que de “capacités-papiers”. La disponibilité, l’acceptabilité par les communes, la conformité notamment au regard de la proximité de captages d’eau, ne sont pas encore validées par des visites de terrains. La situation est d’autant plus confuse que la dernière circulaire en date de mars 2002 fait la distinction entre des pollutions de “faible ampleur” et de “moyenne ampleur” qui seront placées sous la responsabilité des communes; c’est seulement en cas de pollution d’ampleur “exceptionnelle” touchant plusieurs communes que le préfet de département est habilité à déclencher le plan Polmar Terre.
Dans toute la région Aquitaine, qui apparaît comme l’une des plus exposées, les capacités de regroupement ne dépassent pas quelques milliers de m3: dans des raffineries (Pauillac, Ambès), ou dans des “bourbiers” proches des étangs de Cazaux. Les bourbiers sont des cavités creusées pour le stockage des boues de prospection pétrolière. Selon les responsables de la lutte Polmar en Aquitaine, les principaux points sensibles sont le Bassin d’Arcachon et l’estuaire de la Gironde, avec notamment la protection de la prise d’eau de la centrale nucléaire de Braud-Saint-Louis. La côte rocheuse des Pyrénées Atlantiques et les difficultés d’accès pour les engins lourds sur le littoral des Landes sont des obstacles supplémentaires.
Des manques similaires d’infrastructures sont constatés sur l’ensemble du littoral français. En Bretagne Sud et dans les Pays-de-la-Loire eux aussi menacés par les nappes du Prestige, les sites de regroupement de Donges dans l’estuaire de la Loire sont toujours occupés par les déchets de l’Erika. Celui de Paimboeuf en cours de déstockage pourrait cependant être réutilisé.
Sur l’ensemble du littoral, le parc de matériels anti-pollution, barrages, pompes, capacités mobiles de stockage n’a pas évolué depuis la marée noire de l’Erika. Les efforts financiers votés au budget ne se sont pas encore traduits par des livraisons de matériels. Les centres Polmar du Havre et de Marseille disposent de moins de kilométrage de barrages qu’en 1996. Celui du Verdon dans l’estuaire de la Gironde disposait de 3760 mètres en 1996 et dispose de 3440 mètres aujourd’hui.
Robin des Bois demande la préparation immédiate en Aquitaine d’un site de regroupement (creusement et pose de géomembranes) sans attendre que le plan Polmar soit déclenché. Les communes susceptibles d’être touchées doivent dès maintenant en liaison avec les DDE, les DRIRE et les DIREN désigner des sites de haut de plage et demander le prépositionnnement de bennes de collecte. Les groupements de communes doivent désigner des sites intermédiaires. Ces désignations, qui sont d’ailleurs réclamées depuis 1997, doivent être accompagnées de garanties sur la disponibilité et la faisabilité des travaux d’urgence. Un effort doit être entrepris en direction des ports de pêche. Les équipements des pêcheurs et leurs navires vont être souillés par les nappes vagabondes dans le Golfe de Gascogne. Quant aux oiseaux, l’expérience du Baltic Carrier montre que leurs sauvetage après le contact avec ce type de fuel est quasiment impossible. Au Danemark en 2001, 700 oiseaux englués ont été volontairement achevés.
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