Prisonniers, empalés, harponnés, profanés, empoisonnés

10 juin 2024

C’est la dure vie des cétacés

Mis à jour le 18 juin.

France
Le public est consulté jusqu’au 18 juin 2024 sur un projet d’arrêté portant sur les nouvelles modalités de gestion des dauphins nés en prison et condamnés à la perpétuité. Cet arrêté est un modèle d’hypocrisie. Il est supposé interdire les spectacles de cétacés à partir du 1er décembre 2026. En liaison avec le ministère de l’Ecologie, le Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes) et Planète Sauvage à Port-Saint-Père (Loire-Atlantique) ont trouvé une solution de contournement. Ils pourront se livrer dans les bassins de confinement à des expériences scientifiques. Cette expérimentation animale et les entraînements “médicaux” pourront être suivis contre paiement par le public. Dans la dernière ligne droite des négociations, une nouvelle concession a été faite aux détenteurs des dauphins. Il n’est plus question de publier un arrêté ministériel fixant la liste des programmes de recherche, il est désormais simplement question d’un “document fixant l’encadrement des programmes de recherche”. Il y a actuellement 12 grands dauphins à Antibes et 11 à Port-Saint-Père. La valeur commerciale d’un individu est en moyenne de 250.000 €. Les “cheptels” pourraient s’agrandir avec les recherches menées sur le cycle de la reproduction et les dauphins pourront être vendus à l’international si le transport n’excède pas 24 heures.
Lien vers la consultation
Lien vers la contribution de Robin des Bois

Etats-Unis
Le MSC Meraviglia construit à Saint-Nazaire et battant un pavillon européen a éperonné une rorqual de Sei dit aussi rorqual boréal entre les Bermudes et New York. L’accident mortel a été constaté à l’approche du terminal de Brooklyn. La baleine, 13,4 mètres de long, était encastrée dans l’étrave du navire de 316 mètres de long. La compagnie suisse, 5ème croisiériste mondial, s’est dite “profondément attristée”. Le MSC Meraviglia était à pleine vitesse (42,4 km/h) pressé de débarquer sa cargaison, de faire une pause propreté et désinfection et de repartir avec une nouvelle cargaison vers le Canada, une trajectoire coupant celle des baleines franches. Au moins 20.000 baleines seraient tuées chaque année dans des collisions avec le trafic maritime. A la place de condoléances, Robin des Bois attend de MSC (Mediterranean Shipping Company) et des autres leaders de la croisière de masse qu’ils réduisent la vitesse de leurs “Gigantic” et qu’ils mobilisent à bord des ressources humaines et technologiques pour détecter les baleines sur l’Océan mondial y compris en Arctique. Tenter d’éviter les baleines est une mission pour tous les armateurs responsables. Pour mémoire, en 2012, le porte-conteneurs Mont Ventoux de la CMA CGM est arrivé dans le port de Marseille avec un rorqual commun mort sur son bulbe d’étrave, et en 2015, le voiturier Euro Spirit de Mitsui O.S.K. Lines est arrivé au Havre et a franchi l’écluse François 1er avec lui aussi un rorqual commun (15 mètres de long, 13 tonnes) sur son bulbe d’étrave.

Rorqual de Sei dit aussi rorqual boréal (Balaenoptera borealis)
© Antonio Vukusich y Alejandra Cabellos

Japon
D’une part, la “petite” flotte baleinière basée dans les ports d’Abashiri, Kushiro et Hachinohe bénéficie entre mai et octobre d’un permis global de 142 rorquals de Minke (8 mètres de long, 10 tonnes) à capturer à l’intérieur des eaux territoriales (jusqu’à 22 km des côtes). D’autre part, le Kangei Maru, nouveau navire-usine baleinier, bénéficie d’un quota de 187 rorquals de Bryde (15 à 16 mètres de long, 30 à 40 tonnes) et de 25 rorquals de Sei (14 à 16 mètres de long, 14 à 17 tonnes) à capturer à l’intérieur de la Zone Economique Exclusive du Japon, jusqu’à 370 km au large de la côte Est. Le Kangei Maru a été inauguré en grande pompe dans le port de Shimonoseki le 29 mars 2024. Il a la même longueur que son prédécesseur le Nisshin Maru. Le gouvernement japonais a refusé de le subventionner. L’Agence des pêches japonaise a consenti un prêt. Par contre, l’armateur Kyodo Senpaku Co a reçu une subvention de la ville de Shimonoseki. Le coût du Kangei Maru est de 46 millions d’euros. Il n’est pas taillé pour la grande chasse en Antarctique. Il ne semble pas renforcé glace. Sa mise en exploitation est avant tout destinée à perpétuer coûte que coûte la tradition de la chasse baleinière japonaise et à promouvoir la consommation de viande de baleine. Dans les années 1950 pendant la reconstruction du Japon après la Seconde Guerre mondiale, manger de la baleine était une nécessité. De nos jours, c’est plutôt une corvée et une dépense inutile, surtout pour les nouvelles générations. Le 10 juin, le Kangei Maru était dans le port de Sendai dans la préfecture de Miyagi. Le 14 juin, le Kangei Maru était à 100 km au large de la préfecture d’Iwate. Entre le 26 et le 28 mai, le Kangei Maru était dans les parages de la centrale nucléaire de Fukushima. Il faut voir là une tentative de prélèvement de baleines pour y détecter les éventuelles teneurs en radionucléides dues aux rejets des eaux d’extinction des réacteurs accidentés en 2011. Le Kangei Maru est accompagné du Yushin Maru 3, 69 mètres de long, un “whale catcher”, captureur de baleines chargé de les repérer, de les harponner avec des grenades au penthrite et de les remorquer, mourantes, jusqu’au Kangei Maru, le navire-usine où elles sont dépecées et congelées. Le repérage des baleines est facilité par l’usage d’un drone basé sur le Kangei Maru. L’Agence des pêches souhaite après consultation du public élargir le quota aux rorquals communs (18 à 20 mètres de long, 48 tonnes). La décision pourrait être prise courant juillet-août.

Islande
Une fois de plus l’Islande cède aux sirènes de la chasse et joue en même temps sur le “Venez voir nos belles baleines” pour les touristes et “Allez tuer mes baleines” pour l’armateur Loftsson et ses navires baleiniers Hvalur. 128 rorquals communs sont dans le couloir de la mort entre juin et septembre.

Nouvelle-Zélande
Le week-end du 11-12 mai 2024, une semaine après son échouage sur une plage reculée de la région du Southland, la carcasse du cachalot a été amputée de sa mâchoire inférieure. Des inconnus l’ont découpée avec une tronçonneuse et se sont emparés par la même occasion de 20 à 25 dents coniques en ivoire. Les dents de cachalot font l’objet d’un commerce international illégal et rapportant gros. Les plus grandes pèsent un kilo. Un kilo d’ivoire de cachalot se vend entre 2000 et 5000 € (2380-5960 US$). Ces mutilations ne sont pas rares en Océanie. Eden (Nouvelle-Galles-du-Sud) en Australie a aussi été le théâtre d’un vol exceptionnel. Un crâne de cachalot pesant une tonne qui était suspendu pour faciliter l’égouttage du spermaceti a été volé dans le musée océanographique. La bande disposait d’une grue et d’un camion plateau. Cinq mois après, le vestige vandalisé, fissuré et disloqué a été déposé par les voleurs ou leurs complices près du musée.

Norvège
Des analyses des steaks de baleines vendus dans les supermarchés le confirment: les rorquals de Minke subarctiques sont contaminés par les PFAS (substances per et polyfluoroalkylées) des poêles Tefal et des mousses d’extinction d’incendie.

Mis à jour le 14 juin 2024

 

 

 

 

 

 

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