La salle de spectacle de Quimper offre en avant-première un spectacle contestable :
L’ipé prévu pour son bardage et pour les emmarchements est importé de l’état de Para au Brésil et arrive dans le port de Nantes en provenance de Belem. Il est exploité en même temps qu’un arbre pourtant officiellement protégé : le mahogany.
C’est le chantier de la Bibliothèque Nationale de France qui a servi de prétexte à la commercialisation de cette nouvelle essence en France.
A l’initiative de Robin de Bois, dès 1992, l’ensemble de la communauté écologiste, y compris les Verts, ont protesté contre ce choix extravagant et non pertinent. L’ipé se révèle extrêmement glissant par temps de pluie et l’esplanade de la Bibliothèque François Mitterrand est désormais affublée du sobriquet “d’esplanade des invalides”, tant les chutes sont nombreuses. Il n’y a aucune plus-value pour le pays d’origine, seulement une diversification des revenus pour les négociants français comme la S.I.B.T. (Société d’Importation des Bois Tropicaux).
Les ipés adultes sont disséminés à raison d’un sujet tous les 10 hectares. L’utilisation de l’ipé pour la salle de spectacle de Quimper correspond à la dégradation de 250 hectares de forêts tropicales.
Parler de cueillette pour évoquer l’extraction et le débardage des grumes dans les forêts qu’elles soient tropicales ou boréales ou de Brocéliande n’est pas très pertinent, surtout de la part d’un adjoint à l’environnement se réclamant des Verts. Dire que l’ipé est cultivé en Guyane montre que les décisions prises en conseil municipal de Quimper sont fondées sur de mauvaises informations et que cette option doit être réexaminée le plus vite possible.
En effet, c’est en Guyane, enclave française de l’écosystème amazonien que l’ipé et ses congénères sont les plus rares.
Au nombre des arguments de mauvaise foi déployés par les promoteurs de l’utilisation des bois tropicaux en France, et en particulier de l’ipé, il sera sans doute dit au cours des débats que l’ipé n’est pas inscrit aux annexes de la convention de Washington portant sur le contrôle du commerce international des espèces végétales ou animales menacées d’extinction. En tant qu’observateur à cette convention, Robin des Bois avec l’ensemble de la communauté écologiste internationale compétente en ce domaine a pu constater le front de refus de tous les pays producteurs quand il s’agit de restreindre ou d’interdire le commerce d’essences pourtant menacées.
Robin des Bois demande avec “L’Autre Gauche” qu’une alternative soit trouvée. “L’abattage des ipés est une aberration. Le statut de l’arbre n’est pas encore connu et l’inventaire de toutes les sous-espèces est loin d’être terminé”, déclare Claude Sastre, spécialiste incontesté de la flore tropicale au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.
Des villes telles que de Munich, Rotterdam, Amsterdam, Birmingham, Francfort, Melbourne, Hambourg, le conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, New York, San Francisco, renoncent à l’utilisation des bois tropicaux dans les édifices publics. Quimper suivra-t-il l’exemple ?
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