RENNES METROPICALE

19 oct. 1998

L’usage du bois tropical dans la métropole bretonne est intensif. La direction des infrastructures, l’emploie sur les passerelles traversant l’Ille ou la Vilaine, les services de la voierie pour le mobilier urbain et le mobilier de « propreté », la Direction Départementale de l’Equipement pour les murs anti-bruit autour des rocades péri-urbaines.

Les habitants de Rennes disposent d’un maillage dense de grandes surfaces de distribution où du bois tropical débarqué brut dans les ports de Nantes et La Rochelle est vendu après transformation par l’industrie bretonne et vendéenne sous forme de meubles et de menuiseries. La banalisation des bois tropicaux et leur utilisation à contre-emploi témoignent de l’indifférence des techniciens et des consommateurs à l’exploitation des dernières forêts primaires de la Terre.

La déforestation brutale sans étude d’impact et sans plan de gestion durable dégrade l’environnement régional en Asie, en Amazonie, en Afrique, décime la bio-diversité et déstructure les sociétés forestières dont la culture, la subsistance et le mode de vie sont fondés sur la collecte et l’usage des produits forestiers. C’est notamment le cas des Penans sur l’île de Bornéo, des ethnies indiennes en Amazonie et des Pygmées en Afrique Centrale. En Afrique, l’exploitation effrénée exclusivement destinée à l’exportation, prive d’ores et déjà les pays africains de ressources ligneuses au point que les pays d’Afrique de l’Ouest importent de plus en plus de bois de sapin du Nord. Les mêmes pays sont aussi privés de savoir-faire et de savoir-transformer. Le bois tropical y est exploité avec la logique avec la logique et la logistique des ressources minières.

Dans le cadre spécifique d’une campagne d’identification des bois tropicaux* et en écho à la longue marche pour les forêts reliant Brocéliande à Fontainebleau, Robin des Bois a animé cet après-midi une visite guidée et informatrice de la forêt Lapeyre sise route de Lorient et a estampillé des passerelles et autres dispositifs urbains réalisés en bois tropicaux. Cet estampillage est destiné à informer les usagers. En aucun cas, il ne s’agit d’une dégradation ou d’un tag. Pourtant le maire de Quimper a porté plainte après une action analogue menée en mai 98 par Robin des Bois sur le nouveau centre culturel recouvert de bardage en ipé, un bois rare d’Amazonie. Il est hors de propos pour Robin des Bois de nuire aux activités de transformation et de vente du bois. L’objectif est d’exiger de la part des vendeurs des informations complètes sur l’origine, la qualité, les conditions sociales et environnementales  d’exploitation, les traitements pesticides appliqués au bois « exotiques » et de susciter chez les consommateurs la curiosité et un achat responsable et en connaissance de cause.

En préconisant le développement de l’usage des bois de proximité, comme le chêne, le frêne, l’érable, les résineux des Landes, du Jura, des Vosges et Massif central, Robin des Bois s’inscrit dans le droit fil de la relance de la sylviculture recommandée par le Ministère de l’agriculture et l’Union Européenne ; un enjeu pour la Bretagne et tout l’Ouest de la France qui selon l’Atlas des Forêts de France**est une des régions les plus « chauves » de France ou du moins « dégarnie ».

*« De quel bois bricolons-nous ? » campagne animée par « Agir ici pour un monde solidaire » Robin des Bois, les Amis de la Terre, Solagral et une quinzaine d’autres associations.

** rédigé par des experts de l’ONF et du Ministère de l’Agriculture-Jean-Pierre de Monza Editeur 1994-

 

 

 

 

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