Robin des Bois chez Delmas

10 janv. 1994

Pour briser l’opacité et la confidentialité du transport maritime, 7 militants de Robin des Bois occupent depuis ce matin 11H30, le hall de réception de la Tour Delmas à la Défense.

L’association Robin des Bois exige que soient publiées :

– La liste des matières dangereuses au départ du Havre le 8 décembre 1993,
– La liste des conteneurs et des marchandises tombées à la mer alors que le Sherbro se rendait du Havre à Montoir dans l’estuaire de la Loire ;
– La preuve administrative du débarquement des conteneurs de détonateurs et de matières explosives en Afrique.

Pour exercer leur profession et remplir leur mission de prévention, les marins-pêcheurs, les pêcheurs à pied, les goémoniers, les associations de protection de la nature et les maires des communes littorales ont besoin d’informations complètes.

La catastrophe écologique provoquée par la dérive en mer de plusieurs centaines de milliers de sachets d’insecticides directement assimilables par les poissons, les oiseaux détritivores, les mammifères marins et les tortues marines, et la fréquence des nouveaux arrivages sur le domaine public maritime, appellent la diffusion de l’information. Hélas, le public est confronté à la marée du secret et aux incohérences des déclarations officielles.

“Notre vocation est de savoir et nous ne quitterons pas la Tour Delmas tant que nous serons maintenus dans l’ignorance.” déclare-t-on chez Robin des Bois.

L’énigme du Sherbro

Le Sherbro quitte le Havre avec environ 1360 conteneurs à bord le 8 décembre à 5H30 pour Montoir où il est attendu le 10. Vers 22H30, à 60 miles nautiques au sud ouest de Jobourg, il perd des conteneurs et poursuit sa route. Vers 8H le lendemain matin, il entre dans le dispositif de séparation du trafic maritime d’Ouessant et signale au Cross d’Ouessant e de Jobourg (conformément à la réglementation) qu’il a perdu entre 88 et 91 conteneurs. Le commandant ajoute qu’il se rend à Montoir et qu’il transporte des matières dangereuses. C’est donc apparemment au sud d’Ouessant et au large du Finistère sud que le Sherbro a reçu, du Préfet Maritime, en début d’après-midi, l’ordre de se dérouter et de rentrer à Brest où il est arrivé à 18H20 le jeudi 9. En plus des matières diverses, toxiques et explosives, le Sherbro transportait des détonateurs. La question ne se pose plus de savoir si le Sherbro a pollué la Mer de la Manche et la Mer du Nord, mais elle se pose de savoir si le Sherbro a perdu, éventuellement au sud de Brest, une cargaison de détonateurs.

La Delmas a menacé à la mi-novembre de quitter le port du Havre parce que les escales de porte-conteneurs étaient mal organisées ; la Préfecture Maritime de Cherbourg a déclaré puis nié, puis enfin reconnu que des conteneurs de nitrocellulose explosive (étendue avec 30 % d’alcool) étaient tombés à l’eau, en contradiction avec la Préfecture Maritime de Brest qui affirme qu’aucun conteneur de produits explosifs n’est tombé en mer.

 

 

 

 

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