6 ans après le naufrage de l’Erika (12 décembre 1999), et 3 ans après celui du Prestige (13 novembre 2002), le littoral de la France se retrouve dépourvu de remorqueurs modernes de sauvetage et d’assistance, aptes à tracter des porte-conteneurs et des navires à passagers de plus en plus gros, à travailler en milieu chimique, à mettre en oeuvre des moyens importants de lutte contre les incendies et à filer à plus de 16 noeuds par force 7.
Commandés à un chantier norvégien qui a sous-traité les coques à un chantier polonais, les 2 remorqueurs “ultra-performants et dotés de techniques de pointe” affectés à Brest – Abeille Bourbon – et à Cherbourg – Abeille Liberté – n’inspirent pas confiance. L’armateur a cédé aux sirènes de l’internationalisation et de la sous-traitance non maîtrisée. Le chantier Myklebust Verft avait été choisi en 2003 à l’issue de l’appel d’offres en tant que moins disant ; 10 % moins cher que les chantiers français intéressés: les chantiers Piriou à Concarneau et CMN à Cherbourg. La DCN des arsenaux français était elle aussi compétente.
Baptisée à Brest en avril 2005, l’Abeille Bourbon est retirée provisoirement du service pour des raisons structurelles qui ne manquent pas d’étonner: déformation de l’étrave et défaut de stabilité.
Conformément à la logistique préconisée après le naufrage de l’Erika puis du Prestige, l’Abeille Flandre a quitté Brest pour Toulon en vue de renforcer la prévention des catastrophes maritimes en Méditerranée. Après 25 ans de veille à Cherbourg, l’Abeille Languedoc était attendue à La Rochelle pour renforcer la sécurité dans le Golfe de Gascogne, après un passage en cale sèche à Brest pour réparation. Elle restera jusqu’à nouvel ordre à poste à Brest pour remplacer l’Abeille Bourbon, sans même que son carénage soit terminé.
L’Abeille Liberté, nouvelle venue à Cherbourg et sister ship intégrale de l’Abeille Bourbon, a subi les mêmes affres de construction tronçonnée. Est-elle fiable ?
Les remorqueurs de Brest et de Cherbourg font face à 700 navires/jour représentant 18% du trafic mondial et à 300 million de tonnes de matières dangereuses/an. Aujourd’hui, les 2 seuls remorqueurs de haute mer fiables sur le littoral français sont âgés de 26 et 27 ans et sont à Toulon et à Brest. Le Golfe de Gascogne et la Manche sont sans défense.
A l’approche de l’hiver, des tempêtes, Robin des Bois constate la nécessité d’affréter en urgence des remorqueurs étrangers pour que le dispositif de prévention des catastrophes maritimes soit conforme aux engagements français et européen, à savoir que des remorqueurs opérationnels soient basés à Cherbourg, Brest, La Rochelle et Toulon, sans exclusion.
Addendum – 12 novembre
Suite au communiqué du 9 novembre intitulé “Sécurité maritime: danger imminent” (ci-dessus), nous notons que l’Abeille Bourbon est déjà de retour et que l’Abeille Languedoc est repartie en cale sèche.
L’Abeille Bourbon assiste le Black Pearl, un vraquier de 26 ans, société de classification Rina, pavillon maltais, ex Panama. Le Black Pearl semble être en panne moteur. Depuis 2002, il a été relevé à bord 7 déficiences concernant la propulsion. De nombreuses autres déficiences concernent l’environnement (oil pollution prevention), les équipements de sécurité, les documents administratifs. Le Black Pearl a été retenu 6 jours à Rotterdam après une inspection en octobre 2004 dans le cadre du Mémorandum de Paris qui surveille particulièrement les navires sous-normes.
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