Les eaux côtières sont au cœur de la productivité marine. Elles abritent les nourriceries, les frayères et les nurseries des poissons et hébergent dans leurs fonds des populations captives de crustacés, de mollusques et d’autres communautés benthiques.
Il est à proprement parler stupéfiant que les promoteurs opportunistes de l’industrie éolienne offshore et leurs gardes du corps que sont les gouvernements successifs et la Commission européenne aient imposé dans les eaux territoriales françaises, au milieu de la fécondité marine, ces usines destructrices en phase de construction et polluantes en phase d’exploitation. En fin de vie, elles seront nuisibles comme les friches industrielles terrestres et resteront en partie sur place pour rappeler aux générations futures le débarquement invasif de ces grand-guignolesques et gigantesques répliques des moulins à vent du Moyen-Age. Dans les autres pays européens, la distance entre le littoral et les usines éoliennes offshore est en moyenne de 41 km. Elle atteint parfois 90 km.
Les beaux et hauts parleurs de l’éolien offshore n’ont rien d’autre à proposer au débat public que de vagues retours d’expérience d’éoliennes dont la puissance théorique est de 1,75 mégawatt et l’altitude de 80 mètres. Aujourd’hui, les éoliennes mises sur le marché restent expérimentales. Elles ont une puissance théorique de 12 à 15 mégawatts et une altitude de 220 à 250 mètres. Les alignements d’éoliennes et les stations électriques offshore contiennent des centaines de tonnes de lubrifiants, d’hydrocarbures et d’autres substances toxiques. Elles sont vulnérables à la foudre et aux incendies. Sous l’assaut des tempêtes, elles peuvent s’effondrer et perdre des pales.
Pour emporter l’adhésion de certains pêcheurs professionnels, les promoteurs et les pouvoirs publics laissent croire ou espérer qu’ils pourront continuer à travailler à l’intérieur des zones industrielles éoliennes de Noirmoutier/Ile d’Yeu, Saint-Nazaire, Saint-Brieuc, Courseulles-sur-Mer, Fécamp, Le Tréport. De l’avis de Robin des Bois, une telle autorisation de naviguer entre les turbines en action de pêche serait une mise en danger des marins-pêcheurs et aussi des consommateurs. L’ambiance environnementale au pied des éoliennes sera plus au moins analogue à celle des chantiers navals avec l’accumulation dans les fonds de résidus de peintures antifouling, d’égouttures toxiques diverses et de particules métalliques libérées par les dispositifs anticorrosion. Les pêcheurs professionnels seront amputés de milliers de km2 de mer, en surface et dans les fonds, s’il n’est pas renoncé à ces projets insensés.
Pour prendre connaissance de l’inquiétante gamme des menaces et des incertitudes industrielles, économiques et environnementales, nous conseillons de lire le courrier envoyé à 6 ministres et secrétaires d’Etat en mars 2015 co-signé par 20 organisations et réclamant un moratoire sur les projets d’éoliennes offshore et d’hydroliennes (1). Ce courrier est resté sans réponse. L’avis du Conseil National de la Protection de la Nature publié en juillet 2021 confirme la pertinence de ce courrier (2).
L’industrialisation éolienne des eaux côtières fait peser sur la biodiversité marine, sur la faune volante, sur la beauté des horizons, sur la sécurité maritime et l’autonomie alimentaire des risques injustifiables.
Et ce n’est qu’un début. Après les éoliennes, d’autres activités industrielles considérées comme gênantes à terre envahiront et dégraderont davantage le milieu marin, échapperont aux contrôleurs de l’Etat et au regard des riverains. Elles grignoteront encore le champ des travailleurs de la mer.
(1) https://robindesbois.org/wp-content/uploads/2015/08/lettre-eolien-offshore-et-EMR-en-question_robin-des-bois.pdf
(2) Résumé disponible page 67
http://www.avis-biodiversite.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2021-17_avis_autosaisine_cnpn_eolien_offshore_france_du_06_juillet_2021.pdf
Quelques-unes des publications de Robin des Bois sur le sujet :
– L’horizon est notre avenir, ne le gaspillons pas !, 4 août 2020
– Eoliennes offshore : la mer vendue à la découpe et transformée en zone industrielle, 7 octobre 2015
Enquêtes publiques Saint-Nazaire, Courseulles-sur-Mer et Fécamp
– L’horizon et les plages du D-Day menacés par une zone industrielle, 4 juin 2014
– Le poker venteur, 4 avril 2014
– Après l’étalement urbain, voici l’étalement marin, 17 janvier 2013
– « La ruée vers le zef », 25 février 2004.
Imprimer cet article