Robin des Bois demande l’abrogation de l’arrêté gouvernemental du 24 juillet 2003 portant sur le classement ” secret-défense ” des informations sur le stockage, le contrôle, la protection et le transport des matières nucléaires.
Comble de l’opaque et du brouillage, l’arrêté signé par un haut fonctionnaire de la Défense rattaché au Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie inclut la comptabilité des matières nucléaires et la vulnérabilité des systèmes. Même les exercices de crise relatifs à la protection des matières nucléaires sont désormais classés ” secret-défense “. Faut-il désormais interdire les inventaires de l’ANDRA (Agence Nationale des Déchets Radioactifs), les rapports de l’Office Parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologique, et censurer la revue Contrôle, éditée par l’Autorité de Sûreté Nucléaire et remplie d’informations interdites ?
Si l’on peut effectivement comprendre que les transports de plutonium, d’uranium enrichi ou de méga sources radioactives, comme ceux de chlore ou de phosgène, ne fassent pas l’objet de publicité et du barouf réservé aux caravanes du Tour de France, il est inadmissible que sous couvert de la lutte contre le terrorisme, l’industrie nucléaire française relève son pont-levis, s’enferme dans sa tour et ne communique plus les bilans-matières, les mouvements d’importation et d’exportation, les conditions et localisations des stockages de ses produits, combustibles et sous-produits.
L’industrie nucléaire française a pour le moment échappé aux contraintes de la directive européenne dite Seveso II, qui pourtant s’impose aux installations chimiques des complexes nucléaires ; grâce à ce arrêté réputé solitaire et non-concerté, l’exception nucléaire continue sur sa lancée et peut désormais échapper à toute velléité de débat public. Cet enfermement est spécialement inopportun quand le gouvernement, en accord avec les divers intervenants de la filière nucléaire et des organisations de protection de l’environnement étudie la faisabilité d’un plan national de gestion des déchets radioactifs.
La 3ème réunion du groupe de travail préalable à l’éventuelle installation de ce plan a lieu le 17 septembre à Paris. Des chiffres et des précisions y seront communiqués et débattus. En cohérence avec ce décret estival, le gouvernement devrait l’interdire, et si toutefois elle avait lieu, engager des poursuites à l’encontre des conjurés.
Imprimer cet article