Les farines animales s’entassent, la concertation trépasse
La Commission Nationale pour l’Information et le Suivi de l’Elimination des Farines Animales (CNISEFA), qui dépend du Premier Ministre, ne s’est pas réunie depuis le 31 janvier 2002. Cette structure d’échange d’informations entre administrations, filières professionnelles, associations de protection de l’environnement et associations de consommateurs, est en sommeil alors qu’émergent les projets d’un stockage géant et d’incinérateurs attrape-tout, et que les préfectures occultent ou distillent les informations.
Farines animales: à quand l’interdiction ?
Le dispositif national de stockage et d’élimination des farines animales est entré dans une période critique. La majorité des sites de stockage sont pleins. Seuls quatre sites sont actuellement en activité, d’une capacité totale de 150.000 tonnes: ils seront saturés dans trois mois. Le plus gros entrepôt, à Rogerville en Seine-Maritime, est maintenant destinataire de la production des farines animales du Grand-Ouest, du Centre, du Nord. Parmi les sites supplémentaires pressentis, plusieurs ne seront vraisemblablement pas retenus. La mobilisation des opposants et des élus à Vritz (44), à Somsois (51), à Staffelfelden (68) et à Hesmery-Hallon (80) remet en cause les projets de stockage. Les premières chaleurs de l’été font craindre l’apparition de phénomènes d’auto-combustion, y compris pendant les transports. A cet égard, l’expérience montre que les risques sont devant nous: en 1999 à Plouisy (22) et à Cléguer (56), les sinistres ont éclaté en août et en septembre. Peu d’entrepôts retenus disposent de surfaces suffisantes pour assurer un étalement des farines en cas d’échauffement.
La fièvre passe, les pollutions restent
La destruction des cadavres d’animaux abattus en France et en Europe dans le cadre des mesures de lutte contre la psychose économique de la fièvre aphteuse fait appel à des techniques d’un autre âge.
Dans le plan d’intervention actualisé en 1991 par le ministère de l’Agriculture et le ministère de l’Environnement en prévision de l’abandon de la vaccination, l’enfouissement est considéré comme “la méthode de choix “. Chaque préfet était dès lors invité à réaliser un inventaire des sites d’enfouissement possibles, en tenant compte de la vulnérabilité des captages, puits et autres ressources en eau. Cette instruction n’a pas recueilli de la part des préfets plus d’intérêt que les plans Polmar.
Mort aux vaches!
Dans le cadre des mesures exceptionnelles de soutien au marché de la viande bovine sinistré par la peur de l’ESB (Encéphalopathie Spongiforme Bovine), la Commission des Communautés Européennes, à l’instigation du gouvernement français, a décidé de “détruire” sans dépistage de l’ESB les bovins âgés de plus de 30 mois. Les cadavres sont directement acheminés vers les clos d’équarrissage où ils sont réduits en farine à incinérer. Sur 500.000 bovins à détruire, on peut estimer entre 750 et 1500 le nombre d’animaux susceptibles d’être porteurs de l’ESB!
Non aux abattages inutiles
Après l’abattage de précaution économique de 500.000 bovins de plus de 30 mois considérés comme bien portant, le ministère de l’agriculture, soutenu par les syndicats agricoles, s’attaque avec la légitimité et les moyens du bourreau aux ovins, en inventant le délit de sale gueule. Il suffit d’avoir vaguement côtoyé ou pu côtoyer un Anglais pour en être la victime immédiate.
Seringues, décharges électriques, pistolets “Matador”, coups de pied, la vindicte et l’arsenal vétérinaires sont sans limites, comme la confusion des mots et les bêlements ministériels sur ce trop fameux “principe de précaution”, définitivement fourvoyé et, nous l’espérons, mis en quarantaine par les responsables des mouvements écologistes. Sur le théâtre de guerre, la “quarantaine”, ex – observatoire des maladies humaines et animales, est désormais un abattage systématique improvisé, mais il ne faut pas désespérer: les brebis et béliers ne sont pas bêtement tués, ils sont “euthanasiés” pour leur bien et leur éviter de tomber malade. De quoi?
D’une maladie qui passe et se soigne avec des applications dans la bouche -et non dans la “gueule”- et sous les sabots de lotions désinfectantes, il a été fait en quelques jours une peste oppressante et manipulée.