Bon anniversaire ! L’Amoco Cadiz et le Torrey Canyon bougent encore
31 ans et 20 ans après les naufrages du Torrey Canyon (18 mars 1967) sur les côtes de la Manche et de l’Amoco Cadiz (10 mars 1978) sur les côtes bretonnes, des résidus pétroliers issus du ramassage des hydrocarbures sur le littoral constituent aujourd’hui encore des menaces pour l’environnement.
Plusieurs milliers de tonnes confinées dans 5 cuves fuyardes implantées dans le port de la Rochelle constituent un “point noir” répertorié dans le dernier recensement national des sites et sols pollués. Ils proviennent du naufrage de l’Amoco Cadiz, de même que les résidus stockés dans une lagune de produits de déballastage appartenant à la Compagnie Française des Asphaltes dans le port de Brest. Le mauvais état de la membrane plastique d’étanchéité du bassin contribue à la migration des hydrocarbures et à la dégradation de la qualité des eaux et des sédiments de la rade de Brest.
Amoco Cadiz, Kharg V, Haven : le trio infernal
Le Haven, construit en 1973, est le sister-ship de l’Amoco Cadiz, naufragé en Bretagne le 16 mars 1978. Il a été construit dans le même chantier espagnol, d’après les mêmes plans.
Comme le Kharg V, victime d’une explosion dans la nuit du 19 décembre 1989 et responsable d’une marée noire au large des côtes marocaines, le Haven est un éclopé de la guerre Iran-Irak.
Marée noire : Kharg II
L’association Robin des Bois demande aux affaires maritimes du Havre de retenir à quai le Kharg II appartenant au même armateur que le Kharg V.
Arrivé à Antifer vendredi, le Kharg II décharge 271.500 tonnes de brut iranien.
Il a plusieurs fois été sanctionné à Rotterdam pour défaut de maintenance.
Ce pétrolier de 285.000 tonnes a subi 3 attaques pendant la guerre du Golfe et comme tous les bateaux iraniens, il n’est pas assujetti aux conventions maritimes internationales.
“Il est déjà incroyable dans les circonstances actuelles d’avoir laissé entrer dans le port du Havre cette bombe flottante, il serait encore plus incroyable de le laisser partir comme prévu dans la nuit de lundi à mardi” déclare-t-on au siège de l’association.
Marée noire du Kharg V : S.O.S. et embargo
Remorquer l’épave jusqu’au Cap-Vert, c’est exporter 250.000 tonnes de déchets vers le Tiers-Monde. C’est aussi parier sur la dislocation du navire et sa disparition en haute mer au large de l’Afrique. C’est en effet la “meilleure solution” pour l’Europe.
L’association de protection de l’Homme et de l’environnement Robin des Bois prie l’Espagne d’accepter que le convoi maritime se mette à l’abri des Iles Canaries afin que le transbordement du pétrole se fasse vite et dans les meilleures conditions techniques possibles.
Marée noire : le terrorisme iranien
L’Iran n’a pas ratifié la Convention Internationale pour la Sauvegarde de la Vie Humaine en Mer (SOLAS) entrée en vigueur en 1980. Il n’est pas signataire non plus de la Convention Internationale pour la Prévention de la Pollution par les Hydrocarbures (MARPOL).
Les conventions SOLAS et MARPOL sont les deux instruments juridiques et techniques fondamentaux mis en place par l’Organisation Maritime Internationale (OMI).
La flotte pétrolière iranienne n’est donc pas assujettie aux contraintes techniques et morales des conventions maritimes internationales. C’est un cas unique au monde.