Motus et bouche cousue
La France est en train de commettre une erreur. Loin de son credo et de sa vitrine du développement et de l’aménagement durables, le Ministère de l’environnement refuse de proposer dans le cadre de la Convention de Washington des mesures de protection internationales susceptibles de sauver une espèce végétale en voie de disparition, le bois de rose, et l’activité artisanale qui en dépend.
Le Ministère va ainsi à l’encontre des constats scientifiques et des recommandations des professionnels utilisateurs de l’huile de bois de rose comme Chanel dans le secteur de la parfumerie ou l’Occitane dans le secteur de l’aromathérapie. Des sommités du monde associatif comme la SNPN (Société Nationale de Protection de la Nature) ou la Humane Society of the United States, 7 millions d’adhérents, souhaitent elles aussi cette protection internationale du bois de rose.
La relance du bois de rose en Guyane et le surplace du gouvernement français
L’huile de bois de rose ou pau rosa (Aniba duckei, Aniba rosaedora) est utilisée en parfumerie et en aromathérapie. 1 tonne de bois distillé produit entre 7 et 12 litres d’huile. Suite à la campagne de Robin des Bois sur l’extinction du bois de rose dans le bassin amazonien, Chanel, l’ONF (Office National des Forêts) et le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) finalisent un accord sur des essais de sylviculture, à partir de graines collectées et sélectionnées en Guyane française. La plantation, sur une parcelle de 25 hectares près de Kourou, devrait être visible à partir de 2001 et productive en 2015. Si tout se déroule comme souhaité, la plantation devrait assurer la consommation de Chanel pendant une centaine d’années. La Guyane française a été le point de départ de l’extraction de l’huile de bois de rose et de son emploi dans la parfumerie mondiale. Amorcés en 1890 sur le littoral de la Guyane, la prospection et l’abattage des bois de rose se sont développés très rapidement et sans contrôle.
KRIS WOOD : la disparition qui tue
Après les premières versions concernant la mort par pendaison de Kris Wood, la gendarmerie de Saint-Laurent du Maroni et des membres de l’entourage du fondateur du Pou d’Agouti, association guyanaise de protection de l’Homme et de la nature, évoquent maintenant un accident domestique “lié à l’installation d’un hamac”.
Kris Wood dans ses articles et ses activités associatives dénonçait les pollutions générées par le centre spatial de Kourou et les fusées Ariane, la construction de barrage et “des routes inutiles balafrant les forêts”, les exploitations forestières anarchiques dans le bassin amazonien, la prolifération des activités minières négligentes de l’environnement. Eternel connaisseur de la faune et de la flore guyanaise, ami des minorités ethniques, Kris Wood échangeait régulièrement des informations avec l’association Robin des Bois, notamment à propos de l’histoire des arbres pau rosa (Aniba Rosaeodora, Aniba Duckei) en Guyane, de l’ouverture des routes et des projets de centrale thermique au bois dans la région côtière d’Iracoubo.