Le saucisson de Pornichet
Très connu pour être à côté de la Baule, Pornichet va le devenir aussi pour son savoir faire dans le découpage en tranches et le camouflage des pollutions marines.
Pornichet a 2 ports de plaisance, le port d’échouage et à côté le port en eau profonde. Le duo va rejeter par un tuyau de 1,7 km de long 150.000 m3 de boues de dragage dans l’eau claire de la baie, à 750 m du rivage.
Les vases des 2 ports de plaisance sont contaminées par les eaux noires, les hydrocarbures et les peintures antifouling.
Par la magie du verbiage et du tamisage réglementaire, ces boues sont qualifiées de « sédiments propres ».
Une grosse boulette dans la baie du Mont-Saint-Michel
Objet: déchets de marées noires.
L’été dernier, les plages de Saint-Malo et de la baie du Mont-Saint-Michel ont subi des arrivages diffus mais réguliers de résidus de fuel en provenance de l’épave du Prestige. Les Côtes-d’Armor, le littoral ouest du Cotentin ont eux aussi été touchés.
En l’absence du déclenchement du plan Polmar, qui aurait permis de mobiliser des fonds et des solutions techniques pour le stockage à terre et l’élimination des déchets de marées noires, les communes et leurs services techniques ont improvisé et mal interprété des recommandations venues du Cedre (Centre de Documentation, de Recherche et d’Experimentation sur les pollutions accidentelles des eaux). Depuis le naufrage de l’Erika , cet organisme préconise à titre exceptionnel et au cas par cas le séchage en haut de plage des déchets, puis leur étalage au milieu de l’estran, la reprise par la marée montante et la collecte des hydrocarbures séparés du sable et déposés sur la laisse de mer; cette technique dite du “surf-washing” est une opération délicate, hiérarchisée, qui doit faire l’objet d’un suivi attentif et qui ne peut s’appliquer qu’à des sédiments très faiblement pollués.
Globalement propres et localement sales
La déferlante douce du fuel du Prestige sur les plages du littoral atlantique va dépasser la presqu’île du Cotentin et toucher la baie de Seine et le littoral de la mer du Nord où le Tricolor et sa cargaison continuent de menacer l’environnement et la sécurité maritime.
Les risques sanitaires sont occultés. Le scandale des enfants victimes d’allergie et évacués à l’hôpital de Cherbourg après des contacts avec le fuel du Prestige sur une plage du Cotentin courant juin n’a pas fait l’objet d’un retour d’expérience applicable sur tout le littoral. Les effets sur les ressources marines ne sont pas abordés. Les déchets du Prestige s’accumulent dans les déchetteries, sur les parkings, dans les délaissés des services techniques des communes débordées et abandonnées par l’Etat. C’est le retour des micro-pollutions des stockages intermédiaires. Les tas de goémons et d’algues souillés se dessèchent et vont constituer autant de risques de prises de feu pendant l’été.
Rappel: extension de Polmar
Ce communiqué a donc été diffusé pour la première fois au tout début de l’année.
Ne pas déclencher les plans Polmar sur tout l’arc atlantique, c’est laisser aux communes la responsabilité technique et financière du ramassage des déchets et ouvrir la voie à une mauvaise gestion. Robin des Bois insiste encore sur les effets de la pollution sur l’état sanitaire des ressources marines. Alors que le golfe de Gascogne est pollué depuis 6 mois par les suites du Prestige, l’absence d’évaluation dans ce domaine est très inquiétante.
Toutes les publicités ou initiatives tendant à convaincre les touristes que la page du Prestige est tournée en Aquitaine et sur le littoral atlantique sont mensongères.
Le ruban noir
De Dunkerque à Menton, le linéaire côtier français est touché depuis le début de l’année par les arrivages d’hydrocarbures en provenance de dégazeurs masqués ou identifiés.
Le Finistère et les Côtes-d’Armor sont à nouveau touchés. Le Cotentin ne sera sans doute pas épargné, et il n’est pas exclu qu’une jonction y soit faite entre les boulettes du Prestige et celles du Tricolor.
Plutôt que de déclencher systématiquement les plans Polmar pour éponger avec le plus d’efficacité possible ces pollutions invasives, le gouvernement laisse le plus souvent les communes sinistrées se dépatouiller avec les moyens du bord et les finances locales.
Au risque, pour ce qui concerne le Morbihan, le Finistère et les Côtes-d’Armor de bégayer et de recommencer à stocker en haut de plage, dans des déchetteries ou autres endroits inappropriés, des dépots bruts d’hydrocarbures et d’algues mêlés. Conséquences des naufrages du Torrey Canyon (1967), du Boehlen (1976), de l’Olympic Bravery (1976), de l’Amoco Cadiz (1978), et du Tanio (1980), une quarantaine de ces stockages sauvages en haut de plage restent en place. En mars 2000, 20 millions de francs avaient été débloqués par le gouvernement pour compléter l’inventaire qui, de l’avis des spécialistes, n’est pas achevé, faire sur chaque site des prélèvements et analyses, et entreprendre si nécessaire des actions de transfert ou de mise en sécurité. Cet argent s’est perdu dans la nature, et n’a pas été à ce jour retrouvé. Le rapport du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) et de la DRIRE, datant de 1995 et remis au jour par Robin des Bois après le naufrage de l’Erika, souligne que l’inventaire est partiel pour ce qui concerne les déchets du Torrey Canyon et dans une moindre mesure pour les déchets de l’Amoco Cadiz. Ce même rapport conclut que des contrôles périodiques annuels ou bi-annuels, permettraient de mieux évaluer les risques.