Le ruban noir
De Dunkerque à Menton, le linéaire côtier français est touché depuis le début de l’année par les arrivages d’hydrocarbures en provenance de dégazeurs masqués ou identifiés.
Le Finistère et les Côtes-d’Armor sont à nouveau touchés. Le Cotentin ne sera sans doute pas épargné, et il n’est pas exclu qu’une jonction y soit faite entre les boulettes du Prestige et celles du Tricolor.
Plutôt que de déclencher systématiquement les plans Polmar pour éponger avec le plus d’efficacité possible ces pollutions invasives, le gouvernement laisse le plus souvent les communes sinistrées se dépatouiller avec les moyens du bord et les finances locales.
Debout les baigneurs !
Venez à nous rats des villes claquer votre pognon sur notre littoral vierge de toute réflexion et de toute information sur les dangers de la marée noire du Prestige.
La vérité est plus nuancée et elle est implacable. Depuis le début de l’année, le Golfe de Gascogne et son système hydrodynamique sont infiltrés par le fuel russe du Prestige battant jusqu’au fond des mers son pavillon des Bahamas. Le Prestige est intarissable. Le fuel du Prestige est un “ monstre ”. Ce n’est pas Robin des Bois qui le dit, c’est le capitaine de frégate Nédelec, président de la Commission d’Etudes Pratiques de lutte antipollution (CEPPOL) qui était à bord de l’Ailette, affrétée par la marine nationale, navire de récupération arrivé le premier sur la zone du naufrage du Prestige.
Non au Pavillon Bleu / oui au Pavillon sanitaire
Robin des Bois a écrit le 23 janvier 2003 (cf. courrier) aux bureaux français et espagnol de la Fondation pour l’Education à l’Environnement en Europe (FEEE), gestionnaire du label européen Pavillon Bleu, et à ses partenaires, dont le ministère de l’Ecologie. C’est donc une satisfaction d’apprendre par voie de presse qu’une partie de sa requête a été entendue. Tous les maires concernés ont reçu copie de notre courrier. Pour information, et pour vous permettre d’évaluer une fois de plus le climat de tension et d’intimidation qui règne sur le littoral Atlantique, vous trouverez ci-après le courrier -la seule réponse écrite- adressé par le Maire de Meschers en Charente Maritime à Robin des Bois.
En juin 2000, le jury du “Pavillon Bleu” avait décidé de suspendre la campagne pour l’ensemble des communes sinistrées par le naufrage de l’Erika, soit 450 km de littoral “par application du principe de précaution et dans un esprit de solidarité“. Le maire de la Turballe avait alors déclaré: “Ce n’est pas très sport. J’avais cru comprendre qu’aucune plage en France n’aurait le pavillon bleu cette année par solidarité“. Les promoteurs du Pavillon Bleu disaient alors qu’il était hors de question que le Pavillon Bleu soit entaché d’une seule trace de pétrole.
Des huîtres claires-obscures
Face à la marée noire du Prestige, les autorités sanitaires et vétérinaires mobilisables suite à la mise en alerte ou au déclenchement du plan Polmar sont quasi-muettes -InVS (Institut de Veille Sanitaire), AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments), AFSSE (Agence Française de Sécurité Sanitaire Environnementale)-.
Face au balayage du golfe de Gascogne par des hydrocarbures protéiformes allant de la “poussière” de fuel aux galettes, la biodisponibilité de la marée noire et sa capacité à contaminer la faune marine depuis les mollusques jusqu’aux mammifères marins n’est pratiquement pas abordée.
Indigestion de crise à Arcachon
Dans le courant porteur de décembre et des fêtes de fin d’année 2002, l’ostréiculture arcachonnaise se disait inaccessible aux résidus du Prestige.
Début janvier, après les arrivages sur toutes les plages extérieures et l’intrusion des hydrocarbures à l’intérieur du bassin, les producteurs d’huîtres et le préfet de Gironde ont évoqué l’excellence du pôle ostréicole et le total respect des consommateurs. L’interdiction de la mise sur le marché des huîtres et autres coquillages apparaissait à tous naturelle et inéluctable.