Tout le Clemenceau pour ça …
En 2013, quand l’ex-Atlantic Star rebaptisé Antic quitte Marseille pour démolition à Alang sans désamiantage, le silence règne.
L’autre scandale SeaFrance
Le syndicat CFDT occupe les car ferries de SeaFrance à Calais. Par contre il a laissé partir vers Alang le SeaFrance Cezanne et le SeaFrance Renoir.
Economiquement c’est une bonne opération. Quel que soit le repreneur de SeaFrance, il n’aura pas à assumer le démantèlement en Europe de ces deux car ferries pollués. Par contre, la vente des ex SeaFrance Cezanne et SeaFrance Renoir rapportera à SeaFrance, filiale de la SNCF environ 7 millions d’euros.
Quel que soit le repreneur s’il y en a un, la casse à Alang en Inde sera pour lui et pour ses caisses une bonne affaire.
Démolition des navires : pire que le Clemenceau
En dépit de la réglementation européenne sur l’exportation des déchets et des discours officiels vertueux, la fuite des navires européens vers les chantiers asiatiques continue. Le même tour de passe-passe se répète inlassablement : vente miracle à un « armateur » fantôme non européen, repavillonnage sous des couleurs complaisantes et mise à la casse incognito.
Derniers en date de ces navires européens à bout de souffle, les ex SeaFrance Renoir et SeaFrance Cezanne : le premier vient d’arriver à Alang, le deuxième y est attendu dans les jours qui viennent. Cas aggravant, les deux navires étaient propriété d’une filiale d’une société publique, la SNCF. Au-delà des déclarations d’intention, l’exemplarité des Etats fait une nouvelle fois défaut. Autres victimes françaises de l’inertie et de l’hypocrisie, les chantiers de démolition des navires demandés depuis l’affaire du Clemenceau par les associations écologistes, les syndicats, mais aussi le Grenelle de l’Environnement et le Grenelle de la Mer et qui sont restés à l’état de projet avorté.
La SNCF exporte des déchets en Inde.
SeaFrance, filiale de la SNCF, a vendu cet été dans le port de Dunkerque les car-ferries SeaFrance Cezanne et SeaFrance Renoir à deux compagnies panaméennes qui ont immédiatement procédé au remplacement du pavillon français par le pavillon de Belize.
Le Cezanne et le Renoir étaient désarmés depuis février et septembre 2009. Le Renoir rebaptisé Eastern Light est aujourd’hui en face de la baie d’Alang, attendant l’autorisation d’être échoué et découpé.
Cette issue tragique et particulièrement hypocrite a été fomentée par l’armateur français dont l’Etat est actionnaire à 100%.
Cezanne et Renoir : une nouvelle exposition en Asie ?
Depuis 2003 et l’affaire du Clemenceau, l’opinion publique et les dirigeants politiques réclament de la part de la France une initiative sur le démantèlement des navires. Malgré des engagements du Grenelle de l’Environnement et du Grenelle de la Mer, ces revendications sont restées lettre morte. Le dernier non évènement en date est la « mission parlementaire démantèlement des navires » qui renvoie à un nouveau comité de pilotage et affirme grâce à un raisonnement simplificateur qu’une filière de démantèlement des navires en France n’aurait pas en elle-même de viabilité économique [« Lorsqu’on sait qu’un gros broyeur peut traiter 1.000 t de ferraille par jour, on ne peut que réaliser que les 10.000 t actuelles de navires militaires ne représenteraient que 10 jours d’activité » ]. La Mission ne s’attarde pas sur les scandales environnementaux, sanitaires et sociaux du ferraillage des navires dans les pays asiatiques.