Plein feu sur les farines
Robin des Bois demande la création d’une Commission Nationale d’Information et de Surveillance afin d’assurer un éclairage cohérent et l’information du public sur l’ensemble des opérations de fabrication, de transport, de stockage intermédiaire et d’élimination des farines et des graisses animales.
En effet, chez les équarrisseurs beaucoup de sites de fabrication de farines et de graisses animales ne répondent pas aux normes pour la protection de l’environnement, en particulier sur le traitement des eaux de process, de lavage, et des eaux pluviales. Des cuves de stockage vétustes et sans bassins de rétention sont encore utilisées pour les graisses, tandis que les farines sont parfois stockées en plein air ou dans des hangars ouverts aux incursions de chats, renards, sangliers, rats, pigeons, corvidés, étourneaux, mouettes…, et sont propices aux pullulations d’insectes. Autant de vecteurs possibles de dispersion d’agents infectieux dans l’environnement.
Pas de demi-mesures pour les farines
Robin des Bois est favorable à une interdiction totale et irréversible de l’incorporation des farines de viande et d’os dans l’alimentation de tous les animaux d’élevage, de compagnie, et de captivité. L’instauration d’un moratoire provisoire ouvrirait la porte à des solutions de bricolage, d’attente, voire d’exportation qui augmenteraient les risques de prolifération de déchets sans encadrement technique et juridique. Toute solution provisoire empêcherait la construction d’une filière spécifique englobant la collecte des cadavres, des carcasses d’abattoirs et des matières à risques spécifiés, leur transformation en farines dans les clos d’équarrissage, leur transport vers les sites d’élimination, et leur destruction.
SARIA-SIFDDA
Aujourd’hui 22 juin, à l’occasion du changement de nom de SARIA-Industries en Société Industrielle Française de Destruction de Déchets Agricoles (SIFDDA) l’autosatisfaction règne au sein de la direction du groupe. Mais la méfiance se répand parmi les salariés et dans les communes d’implantation.
De nombreux sites exploités par le groupe sont saturés de façon chronique. Les stockages précaires se multiplient, des stations d’épuration débordent, quand elles existent. Les pollutions de rivières par des effluents chargés de matières en suspension et d’agents infectieux se succèdent. Les centres de collecte et de transit d’Arzano (Finistère), de Dun-le-Palestel (Creuse), les usines de Guer (Morbihan), de Bayet (Allier) ont pollué des cours d’eau en 1999 et 2000. A Arzano une vingtaine de bovins sont morts en mars 1999 après avoir bu l’eau du Scao en aval du site.
La SARIA se décompose
L’usine d’équarrissage du groupe SARIA-Industries à Guer dans le Morbihan est entrée en décomposition. Les dysfonctionnements s’y accumulent. Dans la nuit du 9 au 10 mai 2000, une lagune de stockage des effluents a cédé, libérant dans la rivière Aff plusieurs centaines de m3 d’eau polluée par des matières en suspension chargées d’agents infectieux.
Aujourd’hui, des centaines de tonnes de cadavres de bovins morts de maladies s’entassent dans l’usine sans pouvoir être traités rapidement; plusieurs pannes ont bloqué la ligne de production. La viande maintenant en putréfaction exhale des odeurs nauséabondes et répand des jus infectés, menaçant la santé des 60 salariés et des riverains. La Direction des Services Vétérinaires et la Préfecture du Morbihan brillent par leur absence de réaction. Des mesures d’urgence doivent pourtant être prises pour résorber le stock de cadavres et remettre à niveau le fonctionnement de l’unité.
Les vieilles casseroles
Un inventaire des sites de stockage de déchets bruts ou traités consécutifs aux naufrages du Torrey Canyon, du Boehlen, de l’Amoco Cadiz et du Tanio a été effectué à la demande du groupe de travail national interministériel sur les sols et sous-sols pollués. Cet inventaire non diffusé regroupe plusieurs dizaines de sites oubliés par les municipalités, les agences immobilières, les offices du tourisme du Finistère et des Côtes d’Armor.
Dès la publication par Robin des Bois des premières informations, des maires ou responsable des communes sinistrées par l’Amoco Cadiz ont qualifié de balivernes les révélations de Robin des Bois et l’ont menacé sur les ondes régionales de poursuites judiciaires. Il s’avère en fait que la situation est plus grave que prévu.